Article publié à l'origine le 14 juin 2021

Depuis quelques mois, votre équipe est démotivée et rares sont les projets qui semblent soulever son enthousiasme. Voici les premiers soins à donner pour ranimer la flamme.

De nombreux facteurs peuvent contribuer à démotiver une équipe, et pour y remédier, la première chose à faire est de poser un diagnostic. Car pour reprendre les mots du philosophe Henri Bergson, un problème bien posé est déjà à moitié résolu. «On devra se placer dans une position d’observateur afin d’identifier ceux qui sont motivés et ceux qui ne le sont pas», conseille Olivier Doucet, professeur titulaire au Département de gestion des ressources humaines à HEC Montréal. «Le gestionnaire doit écouter, comprendre quelles sont les sources de la démotivation, puis mettre en place des stratégies», poursuit Alain Reid, psychologue organisationnel et associé au sein de la firme Humance. Le travail a-t-il perdu son sens, les employés manquent-ils de ressources ou de la formation nécessaire pour accomplir leurs tâches, ou encore ne comprennent-ils pas les objectifs poursuivis? Pour le savoir, il faudra creuser, analyser et travailler en concertation avec l’équipe.

Série Motivation - Transformer le négatif en positif

Écoute et collaboration

On le sait, le réseau de la santé a été fortement mis à contribution au cours des derniers mois. Malgré tout, certaines organisations réussissent à tirer leur épingle du jeu et réussissent à contrer le sentiment de démotivation. C’est le cas au Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides, où l’on demande aux gestionnaires de faire une bonne lecture de la situation et de démontrer un leadership mobilisateur. «Une fois que l’on a identifié les éléments démobilisateurs, il faut instaurer un climat de collaboration avec l’équipe pour convenir des objectifs et trouver des solutions ensemble», explique Antoine Trahan, directeur des ressources humaines, des communications et des affaires juridiques au CISSS des Laurentides. Par la suite, un suivi est effectué pour mesurer les progrès accomplis.

Consulter les travailleurs sur les difficultés qu’ils traversent est donc la clé. De l’avis du consultant et conférencier Mario Côté, CRHA, il est également nécessaire de maintenir la conversation avec eux sur une base continue, ce qui permet de prendre le pouls régulièrement. C’est aussi une bonne façon de savoir si les outils mis à la disposition des travailleurs pour les aider à retrouver la motivation fonctionnent. Mario Côté ajoute que l’attitude du gestionnaire est déterminante. «Par exemple, certaines personnes détestent le télétravail, une situation conjoncturelle sur laquelle les organisations n’ont pas eu d’emprise jusqu’ici. Or, le simple fait que les gens se sentent entendus peut faire une grande différence. Le superviseur pourrait leur demander ce qu’il est possible de faire pour qu’ils se sentent mieux d’ici à un éventuel retour à la normale», indique-t-il.

Retrouver la voie de la motivation

Lorsqu’un groupe est démotivé, adopter une attitude de leadership authentique est une bonne voie à explorer, estime Stéphanie Austin, professeure titulaire en comportement organisationnel et directrice du Laboratoire de recherche interdisciplinaire sur les processus motivationnels à l’Université du Québec à Trois-Rivières. «On s’assoit avec son équipe, on lui explique les faits, la marge de manœuvre dont on dispose, et on explore ensemble les pistes de solution», mentionne-t-elle. «Il est crucial d’être authentique et transparent dans la démarche. Il faut oser dire que l’on n’a pas toutes les réponses, mais qu’on va aller les chercher», complète Olivier Doucet.

En ce sens, la posture adoptée par le gestionnaire constitue un ingrédient essentiel, puisqu’une approche positive se reflétera sur l’ensemble de l’équipe. Donner de la reconnaissance quand les employés progressent ou font un bon coup contribue également à ramener la motivation, souligne Joëlle Charpentier, CRHA et consultante en développement organisationnel. «On devrait fournir aux gens des occasions de connaître des succès, notamment en leur confiant des mandats ou des projets spéciaux. Se sentir autonome et en position de compétence pousse à se dépasser. Ce faisant, on contamine positivement ses collègues de travail», fait-elle valoir. Elle recommande aussi de mettre en place des comités ou des chantiers qui se pencheront sur les éléments que les employés aimeraient améliorer.

Même si le succès n’est pas au rendez-vous, reconnaître les compétences des employés permet également d’améliorer le niveau de motivation. Une équipe qui n’a pas atteint ses objectifs de vente à qui l’on indique que l’on a malgré tout bien pris acte de ses efforts et qu’on va apporter le soutien nécessaire pour les atteindre au prochain trimestre sera encouragée.

Que faire si vous-même, en tant qu’employé, vous vous sentez démotivé? Choisirez-vous la position de victime ou celle de leader positif? «On peut s’interroger pour savoir ce qui nous démotive, nous-même et nos collègues. Une fois ce bilan effectué, rien ne nous empêche d’agir positivement, comme courroie de transmission entre l’équipe et le gestionnaire. Après tout, la motivation est une responsabilité partagée», conclut Alain Reid.