Article publié à l'origine le 14 juin 2021

Malgré leurs différences, motivation et mobilisation sont intimement liées et pourraient se comparer aux deux faces d’une même pièce. Voici ce qui les distingue et de quelle façon elles entrent en interaction.

Si la motivation touche l’individu, la mobilisation, elle, concerne le groupe. La première relève davantage d’un état d’esprit et de la volonté d’agir propre à chacun. La seconde suppose que les membres de l’équipe consacrent leur énergie à l’atteinte d’un objectif commun. «On doit être mobilisé pour se mettre en action, alors que la motivation pourrait davantage se définir comme l’intention d’agir et le désir de contribuer à l’entreprise», détaille Olivier Doucet, professeur titulaire au Département de gestion des ressources humaines à HEC Montréal. 

Il existe donc une étroite corrélation entre ces deux volets. C’est pourquoi le gestionnaire devra savoir à la fois mobiliser ses troupes tout en sachant créer une petite étincelle chez chacun des membres de son équipe. Les leviers pour y parvenir sont relativement identiques, mais les outils et pratiques diffèrent légèrement, puisque l’angle d’attaque sera soit individuel, soit collectif. «Dans les faits, le superviseur ne segmente pas motivation et mobilisation; il a une vision d’ensemble et une approche globale. Travailler sur les deux volets est nécessaire pour obtenir le meilleur engagement de la part des employés», signale Joëlle Charpentier, CRHA et consultante en développement organisationnel.

Série Motivation - Motivation et mobilisation : est-ce la même chose?

De multiples leviers

La mobilisation relève de la capacité de l’entreprise à mettre en place des conditions favorables pour que ses équipes aient envie d’accomplir leurs tâches et de travailler ensemble à la réalisation d’un projet collectif. Pour mesurer le niveau de mobilisation de la main-d’œuvre, auparavant, on se contentait de sonder les équipes une fois par an. «Aujourd’hui, la tendance va plutôt vers les sondages éclair, afin de pouvoir évaluer l’expérience-employé en temps réel et sur une base continue», précise Joëlle Charpentier. Les résultats de ces enquêtes de terrain permettent ensuite d’adapter et de mettre à niveau les stratégies de mobilisation.

Quels leviers peut-on actionner en tant qu’organisation et en tant que gestionnaire? Il faut d’abord répondre aux besoins fondamentaux des individus, puis se pencher sur les besoins propres à chacun (pour en savoir plus sur les leviers de motivation, voir l’article Peut-on motiver tous ses employés de la même façon?). Le consultant et conférencier Mario Côté, CRHA, souligne qu’il y a plusieurs approches. «La reconnaissance est importante, tant existentielle que celle relative à la qualité du travail, des résultats et de l’effort accompli. On peut aussi agir sur le sentiment d’appartenance à l’équipe et s’assurer de donner un sens au travail. Les employés doivent également sentir qu’ils peuvent influencer la prise de décision, que leur avis est sollicité au lieu de se voir imposer des décisions venant d’en haut», indique-t-il. Leur donner la possibilité de s’accomplir est aussi une excellente pratique. «On offre aux travailleurs des occasions d’utiliser leurs compétences et de se développer, on leur propose des défis stimulants», mentionne Mario Côté.

Une façon de faire qui a d’ailleurs été largement adoptée par l’entreprise Roxboro. Dans cette organisation, les gestionnaires doivent déléguer et confier aux employés des projets individuels. «Le superviseur fournit les outils de gestion nécessaires pour accomplir les tâches, puis il effectue un suivi quotidien», explique Luc Dumont, vice-président stratégique chez Roxboro. Il a toutefois fallu outiller les gestionnaires. «Nous avons offert beaucoup de formation et revu l’organisation du travail, notamment en automatisant certaines activités, afin que les gestionnaires puissent consacrer 30 % de leur temps à la supervision et au soutien de leurs équipes», précise le vice-président. Les employés se voient aussi accorder des bonis en lien avec la réalisation et la réussite de leurs propres projets.

De l’avis d’Olivier Doucet, confier des dossiers aux individus en fonction de leurs forces et de leurs compétences ainsi que miser sur leurs talents sont d’ailleurs d'excellentes stratégies pour les motiver et, ultimement, mobiliser l’ensemble de l’équipe. Valoriser la créativité, l’autonomie et la prise d’initiatives, tout en soulignant les bons coups, est un autre levier qui favorise l’engagement, mentionne Stéphanie Austin, professeure titulaire en comportement organisationnel et directrice du Laboratoire de recherche interdisciplinaire sur les processus motivationnels à l’Université du Québec à Trois-Rivières. «C’est particulièrement important lorsque les gens sont en télétravail. Quand on œuvre à distance, il est facile de perdre le sens de ce que l’on fait et l’utilité des efforts accomplis», rappelle-t-elle. De bonnes pistes à suivre pour motiver et mobiliser.