La télémédecine, un avantage social prisé
2024-02-02
French
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2024-01-25
La télémédecine, un avantage social prisé
Management , Santé , Dossier
Illustration : Sébastien Thibault
De plus en plus d’entreprises offrent la télémédecine à leurs employés.Un avantage social qui peut faire la différence, pour autant qu’il s’accompagne d’une véritable culture en matière de santé et de bien-être.
On le sait, l’accès à un médecin de famille et à des soins de première ligne n’est pas chose aisée. Parallèlement, les téléconsultations médicales sont devenues pratiques courantes durant la pandémie et les cliniques de télémédecine se sont multipliées. Résultat : la médecine virtuelle fait désormais partie des régimes d’avantages sociaux offerts par un nombre grandissant d’organisations.
Une tendance que confirme Julie Cousineau, associée de la pratique Santé chez Normandin Beaudry. «La pandémie a constitué un élément déclencheur pour ces services. D’ailleurs, selon notre enquête Remun, 58% des entreprises de 100 employés et plus offraient la télémédecine en 2022. Cette proportion n’était que de 19% en 2019-2020», précise-t-elle.
Elle ajoute que la firme Normandin Beaudry a reçu de nombreux appels de ses clients afin de compléter leur offre d’avantages sociaux avec ce type de services, en particulier au Québec et en Ontario, où la demande est forte. «L’intérêt des employeurs est là, mais cela répond également aux attentes des employés. Cet avantage est très recherché par les travailleurs; c’est pratiquement devenu un incontournable», constate-t-elle.
Un message clair
Lorsqu’elle propose ce type d’avantage à ses employés, une organisation leur envoie un message clair : elle se préoccupe de leur santé en leur donnant la possibilité de consulter un médecin rapidement et presque en tout temps. Mieux encore, cet avantage est généralement offert à toute la famille, y compris les enfants et le conjoint ou la conjointe.
Cet avantage facilite du même coup la conciliation vie professionnelle et vie personnelle, en évitant par exemple de devoir passer de longues heures à la clinique avec son bambin malade. «Les parents ne pourraient plus s’en passer!» affirme Julie Cousineau, qui souligne toutefois que tous les employés y trouvent leur compte, qu’ils aient des enfants ou pas. Cet outil est suffisamment flexible pour s’adapter à une foule de besoins, tant en santé physique que mentale, un volet qui commence aussi à se développer.
Mais la télémédecine permet-elle de réduire l’absentéisme? Même s’il n’existe pas d’études spécifiques à ce sujet, en toute logique, on peut répondre par l’affirmative, puisqu’une consultation virtuelle permet à l’employé d’éviter de s’absenter pendant toute une journée de travail.
Marie-Ève Beauchamp Legault, CRHA, candidate au doctorat à HEC Montréal, se fait plus nuancée : «Il ne faut pas tomber dans l’excès contraire, prévient-elle. La présence au travail à tout prix n’est pas la solution. La télémédecine est bien adaptée aux problèmes de santé mineurs, mais d’autres requièrent un suivi en personne.»
Utile, mais pas suffisant
Par ailleurs, Marie-Ève Beauchamp Legault recommande aux entreprises de travailler en amont et d’implanter une véritable culture en santé et bien-être au travail. C’est cette dernière qui, au bout du compte, aura véritablement des retombées positives sur les employés, et ce, bien plus que la médecine virtuelle en tant que telle. «Celle-ci présente des avantages, mais n’est pas suffisante. C’est pourquoi il ne faut pas se contenter d’offrir un programme de télémédecine. Les employés doivent sentir que leur employeur se préoccupe vraiment de leur santé», affirme-t-elle.
Pour demeurer au diapason des besoins, elle conseille aussi aux employeurs de s’assurer régulièrement que leur programme de médecine virtuelle répond bien aux attentes du personnel. «On peut réaliser des sondages auprès des employés pour faire en sorte que l’offre soit bien adaptée et que le programme soit utilisé. De cette façon, on pourra vérifier leur niveau de satisfaction et quels sont les services qu’ils recherchent», suggère-t-elle.
Le compte bien-être : pour compléter le coffre à outils en santéDe gros joueurs comme la Banque Nationale, Desjardins, Industrielle Alliance et Sun Life ont ajouté un compte bien-être à leurs avantages sociaux. Le principe est simple : par le biais d’un compte gestion-santé, les employés se voient attribuer un montant supplémentaire ou des crédits pour supporter les coûts de certains soins qui ne sont pas couverts par les assurances collectives et par le régime d’assurance-maladie provincial. Il peut s’agir de soins dentaires, par exemple. Ce compte peut être conçu de façon à répondre à d’autres besoins, comme le paiement d’un abonnement au gym ou l’achat d’équipements pour pratiquer des activités physiques. «Ces programmes sont flexibles et les dépenses admissibles sont une manière de refléter les valeurs que l’employeur souhaite promouvoir. Outre la santé, on peut aussi penser à l’accès aux parcs nationaux, à l’aide aux devoirs, au transport collectif et à l’achat de matériel de bureau ergonomique pour le télétravail, par exemple», souligne Julie Cousineau, associée de la pratique Santé chez Normandin Beaudry. Elle précise que selon la plus récente enquête Remun réalisée par la firme, environ 30% des organisations proposeraient désormais un compte bien-être à leurs employés en 2022, comparativement à 25% en 2019-2020. |
Article publié dans l’édition Hiver 2024
Management , Santé , Dossier