La moitié des 25 personnes qui travaillent dans les bureaux de Laporte à Philadelphie sont originaires d’un pays dont la culture est différente de la mienne. À première vue, une telle composition d’équipe pourrait laisser présager de fréquents conflits à arbitrer. Mais diriger une équipe multiculturelle, est-ce vraiment différent et plus difficile que la gestion d’une équipe traditionnelle ? Voici comment nous nous y prenons.

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J’ai constaté cette année à quel point le climat social général de l’endroit où nous travaillons est important. Je me suis installée aux États-Unis il y a 10 ans, en 2008. L’année 2017 a été difficile et polarisante, notamment à cause de l’élection de Donald tramp l’année précédente. Dans un contexte comme celui-là, on doit faire encore plus attention aux sujets dont on discute, et on évite de s’aventurer sur des terrains minés tels que la politique ou la religion.

Bien sûr, nous n’avons aucune règle formelle qui dicte ce dont les employés peuvent ou ne peuvent pas parler pendant leur pause ou à l’heure du dîner. Les gens s’abstiennent tout naturellement d’aborder certaines questions, parce qu’ils savent que ça permet de préserver la paix, surtout dans un climat politique tendu. Cela dit, on rappelle un peu plus formellement à nos équipes d’éviter les sujets délicats quand ils sont chez des clients : dans ces cas-là, en effet, il faut à tout prix éviter les conflits. De toute façon, c’est une bonne règle à suivre en tout temps, équipes multiculturelles ou pas.

Gérer des groupes de travail d’une grande diversité n’est pas très différent ni plus difficile que gérer des équipes formées de gens qui proviennent d’une même culture. À certains égards, j’estime même que ça facilite la tâche.

Pourquoi ? Tout simplement parce qu’une personne qui vient d’ailleurs est généralement habituée à travailler avec des gens différents. elle n’arrive pas au travail avec des façons de faire inchangeables et cristallisées qu’elle juge être les meilleures et les seules acceptables. Les gens qui viennent d’ailleurs sont généralement souples et ouverts : ils acceptent d’être en phase d’apprentissage et sont prêts à faire les choses autrement si ces nouvelles manières conviennent davantage à leur équipe de travail.

Par ailleurs, puisque Laporte est une firme d’experts-conseils, nous cherchons avant tout des gens qui ont cette attitude d’ouverture aux idées et aux solutions différentes. C’est ce qui fait un bon consultant. Le savoir-faire est important, mais le savoir-être l’est plus encore. Il faut être flexible et avoir beaucoup d’énergie, et ce sont des qualités qu’on trouve souvent chez les gens d’origine étrangère. Ceux avec qui je travaille ont émigré pour améliorer leur sort et n’ont pas d’idée préconçue selon laquelle tout leur est dû depuis leur naissance. Ils sont naturellement très motivés.

Cours de francisation - Laporte

Laporte, offre, avec l'aide d'une subvention d'Emploi-Québec, des cours de francisation à ses employés.

Culture-passerelle

Se retrouver dans une autre culture ou dans un nouveau milieu nous force à être plus attentifs et à apprendre à décoder les gens autour de soi. On absorbe différents points de vue et on s’adapte. C’est une richesse qui permet d’éviter les conflits ou de les résoudre.

Je l’ai moi-même vécu il y a 10 ans, quand je suis arrivée à Philadelphie. Je me suis retrouvée dans une situation où c’est moi qui étais d’une culture étrangère. Laporte m’avait envoyée ici parce qu’un de nos clients avait une unité d’affaires américaine qui était gérée par des européens francophones. Évidemment, chacune des deux parties voulait gérer le projet à sa façon. Les relations étaient tendues.

La direction de Laporte a pensé qu’une nord-américaine francophone pourrait mieux comprendre les deux points de vue, aider à faire le pont entre les deux cultures et mener le projet à bon port. Bien sûr, je ne suis pas le seul facteur de réussite, mais au final, cette stratégie a porté ses fruits et le projet s’est conclu à la satisfaction de tous. Dix ans plus tard, je vis maintenant à Philadelphie et je comprends mieux ce que signifie le fait de vivre et de travailler dans une culture d’adoption. Ça me permet, je crois, de mieux travailler avec des équipes multiculturelles.

Le b.a.-ba de la gestion

Quelles qualités doit avoir un gestionnaire qui travaille avec une équipe multiculturelle? Franchement, la liste d’aptitudes n’est pas très différente de celle que je dresserais pour tout bon gestionnaire. Il faut être à l’écoute. Il faut communiquer sa vision et ses attentes de façon claire. La communication doit être ouverte des deux côtés : tout le monde doit se sentir à l’aise de poser des questions, de demander des clarifications et d’illustrer des propos avec des exemples concrets.

D’ailleurs, former des équipes quand on est ouvert à la diversité, c’est d’une certaine façon bien plus facile. À l’heure actuelle, certaines entreprises refusent encore et toujours d’examiner la candidature de gens très qualifiés unique- ment en raison de leur nom ou de leur culture. Eh bien, tant pis pour elles ! C’est une belle occasion de recrutement pour nous.

Article rédigé en collaboration avec Simon Lord, journaliste