Le système de santé québécois se classe, à l'échelle planétaire, parmi l'un des meilleurs qui puisse exister. Mais, comme l'a lancé d'emblée Alain Dubuc, chroniqueur bien connu du quotidien La Presse, en lever de rideau du dévoilement de l’étude Des idées en santé pour le Québec, « On n'est plus les meilleurs! ».

À quoi peut-on attribuer un tel constat? Certes, la question du financement du réseau public de santé vient rapidement en tête de liste des raisons qui peuvent expliquer un tel état de fait, ce financement engouffrant près de la moitié des dépenses de l'État québécois. Et que dire du vieillissement de la population qui entraîne des conséquences notables telle la hausse de la consommation de médicaments, pour n'en nommer qu'une seule. En somme, il y a urgence d'agir en la matière!


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La perspective de l'utilisateur

À cet égard, les rapports produits et les recommandations lancés depuis quelques années, voire même depuis quelques décennies, sont légion. Mais le Pôle santé HEC Montréal, en collaboration avec le magazine L'actualité, a cette fois-ci tenté une approche différente, audacieuse et innovante.

Menée par la professeure Marie-Hélène Jobin, professeure titulaire au Département de gestion des opérations et de la logistique de HEC Montréal et directrice associée du pôle ci-haut nommé, l'étude Des idées en santé pour le Québec a d'abord et avant tout voulu donner la parole aux citoyennes et aux citoyens de la Belle Province par l'entremise d'un sondage réalisé auprès de 1 000 répondants.

Par la suite, cinq groupes de discussion composés de personnes, toutes parties prenantes du système de santé, ont été amenés à réagir aux constats obtenus par l'intermédiaire de ce sondage, et à dégager quelques pistes de solution à l'égard des problèmes soulevés. Dans un dernier temps, le fruit de ces dernières réflexions a été soumis à un groupe restreint de leaders d'opinion, qui ont ainsi pu ajouter à l'ensemble de la réflexion.

Quelques avenues à explorer

Et si les constats issus de cette vaste consultation sont généralement sévères quant à la performance générale du système de santé québécois, les solutions avancées par le rapport Des idées en santé pour le Québec sont ambitieuses. Il est, entre autres, question de :

  • Mettre l'accent sur la valeur des services offerts, davantage que sur les coûts qu'ils génèrent. Certes, la recherche, par exemple, du plus bas soumissionnaire lors d'un appel d'offre est sans doute la manière prisée de procéder dans une perspective de réduction des coûts. Mais est-ce vraiment la bonne chose à faire, si l'on vise plutôt à améliorer la qualité des services rendus et à innover?
  • Replacer le patient au centre des décisions de gestion. L'étude souligne l'impérieuse nécessité de faire du parcours du patient la base du financement des différentes institutions de notre système de santé.
  • Redonner une certaine part du pouvoir décisionnel aux entités locales et aux populations qu'elles desservent. La politisation du réseau de la santé entraine une rigidification des structures qui, in fine, dessert le contribuable.
  • Favoriser un meilleur accès à une information transparente et indépendante, de manière à dégager des standards valables pour l'ensemble du système, à mesurer adéquatement la performance des diverses entités du réseau et à offrir un plus large éventail de solutions pour le patient.

Ce qui se mesure s'améliore

Sur ce dernier point, François Champagne, professeur titulaire de gestion, politique et évaluation à l'École de santé publique de l’Université de Montréal, y est allé d'un constat déroutant lors du dévoilement de l'étude.

« Je suis assez pessimiste sur l'utilisation des données de performance dans le système de santé », a lancé l'expert. « Nous possédons beaucoup de données sur le fonctionnement du système de santé, malgré une infrastructure technologique souvent désuète. Toutefois, l'accès à ces données est de plus en plus ardu, en raison des restrictions imposées par les instances managériales et politiques, et ces mêmes données peinent à se concrétiser en connaissances utiles », affirme le professeur et chercheur.

La faute en revient, aux dires du professeur Champagne, à la culture du système de santé, au sein de laquelle la rationalité n'est pas toujours de mise dans la prise de décision, et à l'ingérence du politique dans le managérial. « Mais ce sont là des obstacles qui sont loin d'être insurmontables », affirme-t-il, en guise de conclusion.

Les défis qui se présentent à la population du Québec en matière de santé sont importants et complexes, à la mesure de notre système de santé. Souhaitons que nous puissions collectivement les surmonter, portés entre autres par les constats et réflexions de l'étude du Pôle santé HEC Montréal!