Article publié dans l'édition printemps 2019 de Gestion

Pour relever le défi de l'efficacité énergétique, le gouvernement québécois a créé en 2017 une nouvelle société d'État, Transition énergétique Québec. De petite taille et agile, cet organisme aide non seulement les particuliers mais surtout les entreprises à prendre le virage vert.

PDG de TEQ

Johanne Gélinas, PDG de TEQ.

Dans la foulée de l’adoption de sa plus récente politique énergétique1 et afin d’assurer la cohérence de l’action des nombreux acteurs dans ce domaine, le gouvernement du Québec a mis sur pied Transition énergétique Québec (TEQ). Le mandat de cet organisme est vaste : en plus de coordonner et d’effectuer le suivi des programmes et des mesures nécessaires à l’atteinte des cibles définies dans la politique énergétique, il a aussi pour mission de soutenir et de promouvoir la transition, l’innovation et l’efficacité énergétiques. TEQ doit enfin élaborer un plan directeur2, un exercice qu’il réalise tous les cinq ans3. « TEQ est un facilitateur qui agit aussi comme agent fédérateur des différentes actions menées pour atteindre les objectifs de la transition énergétique », résume Johanne Gélinas, PDG de cette société d’État.


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Des enjeux de poids

Le champ d’intervention de TEQ est donc très étendu. L’organisme agit notamment dans les domaines suivants : transport de personnes et de marchandises, bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels, secteur industriel en général. Essentiellement, TEQ accompagne sa clientèle – entreprises et particuliers – dans l’amélioration de leur efficacité énergétique, dans la conversion à des formes d’énergie plus propres et dans le déploiement de technologies innovatrices.

Bien sûr, les enjeux varient grandement d’un domaine à l’autre. Par exemple, un particulier pourrait vouloir se débarrasser de sa fournaise à l’huile ou changer les fenêtres de sa maison, tandis que les propriétaires d’une usine souhaiteront optimiser un procédé particulièrement énergivore de leur chaîne de production. « Parmi les grands défis que doit relever le secteur industriel, il y a notamment la réduction de la consommation d’énergie et la diminution des émissions de gaz à effet de serre [GES] », explique Mme Gélinas.

Un autre exemple : une entreprise convertira son système de chauffage pour privilégier les énergies renouvelables. Ce faisant, elle produira moins de GES tout en réduisant sa facture énergétique.

Retours sur investissement substantielsProgramme ecoperformance

TEQ coordonne plusieurs programmes en matière d’efficacité énergétique. Du côté des particuliers, on pense notamment à Rénoclimat, à Éconologis et à Roulez vert. En ce qui concerne les entreprises, la majorité des mesures sont regroupées sous le parapluie

ÉcoPerformance, qui comprend les projets d’efficacité et de conversion énergétiques ainsi que les projets d’amélioration des procédés. ÉcoPerformance s’adresse tant aux petits qu’aux grands consommateurs d’énergie. Un autre programme, « Biomasse forestière résiduelle », a pour but de réduire les émissions de GES et la consommation de combustibles fossiles en finançant des projets de conversion énergétique ayant recours aux résidus forestiers.

La clientèle industrielle, commerciale ou institutionnelle qui s’inscrit à ces programmes peut bénéficier de nombreuses retombées positives et concrètes. Par exemple, une entreprise du secteur alimentaire réalisera des économies considérables en se procurant des appareils de réfrigération et de ventilation plus écoénergétiques. Pour sa part, un hôpital pourrait gérer sa consommation d’énergie de façon plus optimale en récupérant la chaleur produite lors du lavage et du séchage du linge et en l’utilisant pour chauffer ses installations.


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« Il faut penser en fonction du concept de l’économie circulaire, selon lequel les résidus de l’un deviennent la matière première de l’autre », mentionne Johanne Gélinas. Elle donne l’exemple des nombreux centres de données établis au Québec, de vastes locaux qui abritent des serveurs informatiques dont le fonctionnement génère beaucoup de chaleur. Dans une perspective plus verte, cette chaleur pourrait être redirigée et réutilisée par une entreprise située à proximité, une alliance mutuellement bénéfique pour les deux parties. « À l’heure actuelle, c’est un véritable non-sens de perdre des sources d’énergie. Il faut récupérer et réutiliser », insiste la PDG de TEQ.

Mme Gélinas ajoute que ces programmes proposent un retour sur investissement substantiel pour les organismes qui y ont recours tout en permettant de faire des économies récurrentes, notamment en ce qui a trait à l’achat de crédits sur le marché du carbone.


Notes

1. Gouvernement du Québec, Politique énergétique 2030 – L’énergie des Québécois, source de croissance,

2. Gouvernement du Québec, Conjuguer nos forces pour un avenir énergétique durable – Plan directeur en transition, innovation et efficacité énergétiques du Québec 2018-2023, Québec, 2018, 234 pages.

3. Le premier plan directeur de TEQ (2018-2023) comprend les éléments suivants : 15 feuilles de route, 225 mesures et des investissements de plus de six milliards de dollars.