Les études sont claires : le stress financier cause une perte de productivité et d’efficacité chez les employés. Raison de plus pour les organisations de se préoccuper du bien-être financier de leurs troupes!

Selon des données de l’Association canadienne de la paie (ACP)[1], 43% des employés sondés affirmaient en 2019 que le stress lié à leurs finances personnelles influait sur leur rendement au travail. Sur ce nombre, 46% consacraient 3,5 heures par semaine aux questions financières. L’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) calculait que pour une entreprise de 200 salariés, cette perte représentait plus de 200 000$ par an[2].

Bien qu’elle se veuille prudente, cette évaluation révèle à quel point les questions financières sont devenues un enjeu sur lequel les employeurs auraient tout intérêt à se pencher. Et ce d’autant que la population fait face à des défis croissants en raison de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt.

Série – Finances et travail

Parfaire ses connaissances

Manon Poirier, CRHA, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, confirme que les préoccupations d’ordre financier des employés sont coûteuses pour les entreprises. En matière de gestion des ressources humaines, on préconise d’ailleurs depuis quelques années une approche englobant à la fois le bien-être physique, psychologique et financier. «L’employeur a la possibilité d’agir sur la rémunération, mais pas uniquement. Il peut aussi donner aussi un bon coup de pouce s’il améliore les connaissances et la littératie financière de ses travailleurs», estime-t-elle.

Outiller, conseiller et offrir de la formation constituent des incontournables pour alléger les poids du stress financier des employés. Ce faisant, l’employeur les aide à prendre de meilleures décisions et à éviter les erreurs qui pourraient précariser leur budget à court, moyen ou long terme.

Marc Chartrand, CRHA Distinction Fellow, conseiller principal à la rémunération pour la firme Gallagher, adhère également à l’idée d’une responsabilité partagée. «Les employeurs doivent faire un effort d’éducation en ce sens. La communication est cruciale, notamment quant à l’argent à mettre de côté pour la retraite, car à ce chapitre, il faut s’y prendre longtemps à l’avance», fait-il valoir.

Pour sa part, Stéphanie Mariamo, consultante principale en investissement, fonds de pension chez Mercer, estime qu’en matière de finances personnelles, l’employeur a un rôle de facilitateur à jouer. «Il peut agir pour aider à résoudre les problèmes, mais aussi pour les prévenir. Par exemple, en mettant à la disposition des employés une plateforme d’éducation, en leur offrant la possibilité de rencontrer un planificateur financier», recommande-t-elle.

Elle ajoute qu’avec la hausse du coût de la vie, les employeurs constatent qu’un nombre croissant de travailleurs n’ont plus les moyens de cotiser au régime de retraite que proposent leurs entreprises. Dans ce contexte, l’éducation financière est plus essentielle que jamais, tout comme la nécessité d’une plus grande souplesse des programmes. «Favoriser l’épargne à court terme et autoriser le retrait de sommes du régime en cas de besoin, ce sont des options que l’employeur pourrait offrir», dit-elle.

S’adjoindre de bons alliés

Selon Stéphanie Mariamo, la clé est d’exercer une influence positive et de multiplier les initiatives qui, au bout du compte, encourageront l’autonomisation des employés. S’allier à une firme qui détient de l’expertise dans ce domaine permet aussi de cibler les bons gestes à poser. Le cabinet Valéo +, par exemple propose une approche globale de gestion des avantages sociaux et des assurances collectives orientée vers le mieux-être financier. «La première chose à protéger est la capacité à générer des revenus par le biais d’une assurance invalidité et des régimes collectifs en santé. Une fois que la base est solide, on peut ensuite penser à la retraite», explique Vincent Boisvert, président de Valeo+ et conseiller en sécurité financière et en assurance et rentes collectives.

Pour fidéliser ses employés, on devrait également leur offrir un programme qui pourra les soutenir durant toute leur vie et s’adaptera à leurs différents besoins, qu’il s’agisse de prévoir la mise de fonds d’une propriété ou un retour aux études. «Nous effectuons aussi des rencontres avec les employés, en groupe et individuelles, et donnons des conseils sur différents sujets : comment bâtir un budget, se préparer à son renouvellement hypothécaire, optimiser et diversifier son portefeuille, adopter des stratégies d’épargne personnalisées, organiser sa planification de retraite, etc.», énumère-t-il.

Ces efforts portent fruit et constituent un bon investissement pour l’entreprise. Non seulement les employés seront moins affectés par le stress financier, mais cela envoie aussi un signal fort. «Ils savent que leur employeur se préoccupe de leur bien-être, ce qui contribue à la rétention de la main-d’œuvre», conclut Manon Poirier. Un précieux atout en ces temps de pénurie dans plusieurs secteurs d’activité.


Notes

[1] «Enquête de la SNP auprès des employés», Association canadienne de la paie, document préparé par Framework Partners Inc. (2019), p. 8.

[2] «Le coût du stress financier en perte de productivité» (infographie),  Agence de la consommation en matière financière du Canada.