Article publié le 24 novembre 2019

La transformation numérique des entreprises permet aujourd’hui de récolter une foule de données, qui flottent doucement dans l’immensité des nuages informatiques. Comment les collecter, les stocker, les traiter ? À défaut d’avoir toutes les réponses, quelques grands principes se dégagent et doivent être considérés.

Depuis 1952, qui a vu la commercialisation du premier ordinateur de gestion, les entreprises n’ont jamais cessé d’investir dans des capacités informatiques permettant de stocker et traiter des données. Au cours des dernières années ce sont de vastes projets de transformation numérique qu’elles ont lancés, qui touchaient tous les secteurs de l’entreprise : l’expérience client, les canaux de distribution, le marketing et, de façon générale, l’ensemble de la chaîne de valeur des relations clients. Ces applications, services, sites internet ou plateformes produisent de très gros volumes de données, dans des formats variés, et reposent sur des technologies de pointe.

Les données internes des entreprises, une fois fusionnées, sont riches de promesses de création de valeur. Elle donne la possibilité aux entreprises d’être véritablement guidées par les données, pour atteindre des sommets à l’image des plus grands succès industriels de ce début de siècle tels que Google, Facebook, Amazon. Cette fusion est possible aujourd’hui grâce à des technologies toujours plus accessibles. Elle devient même indispensable aux entreprises, afin qu’elles tirent pleinement profit de leurs avantages concurrentiels face à des plateformes américaines ou chinoises qui menacent de leur soutirer des parts importantes de la valeur qu’elles créent.

Nouveau pétrole? Plutôt nouveau paradigme

On entend souvent dire que les mégadonnées sont le nouveau pétrole du 21e siècle. Une métaphore plutôt boiteuse : alors que le pétrole se fait de plus en plus rare et que son prix ne cesse de grimper, la donnée, au contraire, se fait de plus en plus abondante et coûte de moins en moins cher. Comme elle n’est pas une matière première, mais un sous-produit de nos activités, nous pouvons en produire à profusion et pendant encore longtemps.

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où les données sont omniprésentes. Chaque jour, nous en générons par notre utilisation du courriel, des réseaux sociaux, des applications de nos téléphones intelligents, de nos consultations et transactions en ligne, etc. Plus les technologies évolueront et plus nos activités se numériseront : bientôt, ce sera notre environnement tout entier qui sera connecté (maisons, infrastructures, routes) produisant toujours plus de données. Comme l’univers, les mégadonnées sont donc en expansion. 

Or, sans analyse et sans traitement, les mégadonnées ne servent à rien alors qu’elles peuvent offrir des enseignements concrets qui contribueront à la croissance des entreprises. La transformation numérique impose donc un changement de paradigme, pour utiliser ces données brutes et les transformer en information stratégique.

Au final, la seule métaphore avec le pétrole qui tienne, c’est que les mégadonnées ont le potentiel d’être un carburant pour l’entreprise. Comment ? En fournissant une plus grande compréhension – hyperrationnelle et hyperscientifique – de notre environnement. Pour peu que l’on sache analyser ces données, elles ont le pouvoir d’accompagner nos prises de décision, d’optimiser nos opérations, de diriger la recherche, d’innover. Bref, d’augmenter notre veille stratégique et de rendre nos entreprises plus « intelligentes ».


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Un défi technologique

Posséder les données ne suffit donc pas : il faut être capable de les analyser et d’en tirer profit. Le problème, c’est que cette analyse dépasse largement nos capacités humaines, mais aussi nos outils et nos méthodes existantes. Beaucoup d’entreprises réalisent qu’elles n’ont ni les infrastructures techniques, ni l’organisation, ni les connaissances stratégiques nécessaires à leur exploitation. 

Pendant longtemps, elles n’ont travaillé qu’avec une quantité limitée de données, et ce, de manière très souvent isolée, où chaque service possédait ses propres données qui étaient peu ou pas partagées. Aujourd’hui, pour mettre à profit cette masse exponentielle de données disponibles, ce modèle de travail en silos n’est plus viable. Pour tirer le plein potentiel de ces données, il faut faire tomber les murs et créer des infrastructures où les données et leur analyse sont accessibles à tous. Ce qui nécessite le changement de son architecture de traitement – collecte, analyse et diffusion – pour construire un système commun, distribué et partagé. 

En clair, il faut voir à ce que ces données procurent trois éléments essentiels à l’ensemble des parties prenantes : la disponibilité des données (accès à tous), leur fiabilité (des données qualifiées et authentifiées de la même façon), et la mise à l’échelle (la capacité à stocker ces données et à les traiter à une échelle industrielle) Cela transforme systématiquement l’entreprise en une entité dynamique, connectée sur son environnement et ses activités, qui évolue et s’adapte en temps réel.


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Qui se transforme en défi de gouvernance

Construire l’artillerie technologique nécessaire va au-delà du défi technique, car il s’agit de traiter et utiliser de l’information stratégique essentielle. Cette artillerie entraîne un enjeu de gouvernance déterminant, qui exige la valorisation et la maîtrise des données. La première est une question de renseignements : c’est l’art d’extraire de la valeur de ces données et de savoir en tirer des enseignements pertinents pour optimiser ses actions. La deuxième est une question de confiance et de sécurité: soit de garantir à la fois la qualité et l’éthique de ces données, pour sécuriser leur gestion.

Aussi, pour être en mesure de les traiter de la façon la plus optimale qui soit, il est indispensable de définir en amont la codification de ces données. Il s’agit d’adopter un langage commun répondant à un ensemble de répertoires, de normes et de référentiels très précis pour qu’elles soient facilement repérables et identifiables. L’intérêt est de permettre aux données de naviguer dans un système ouvert, sans risque de déperdition. Ici, le rôle de la gouvernance est clé : l’organisation doit être rigoureusement dirigée et centralisée afin d’assurer l’efficacité et le succès de l’infrastructure auprès de tous. 


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Enjeu et atout

Tout l’enjeu pour les entreprises réside donc dans leur capacité à transformer les données en information stratégique pour en faire un vecteur de transformation et d’amélioration de ses activités. Et pour ce faire, elles doivent se plonger en profondeur dans le sujet – à la fois de façon technique et organisationnelle - sans quoi, elles courent le risque de passer à côté de leur potentiel.

Le potentiel des chantiers de transformation des données repose sur une caractéristique commune : bien menés, ils délivrent beaucoup de valeur, très rapidement et à des coûts raisonnables. Les technologies étant très matures, elles sont commercialisées par les offres de paiement « à l’usage », proposant des coûts d’investissement très limités.

En terminant, pour revenir au pétrole, disons que l’entreprise qui ne se donne pas les outils et la gouvernance pour capter, analyser et optimiser l’utilisation des données disponibles tentera d’avancer avec du pétrole… non raffiné!