Manque de motivation, ennui, baisse de l’engagement, blues du dimanche soir, absentéisme. Autant de signaux qu’il est peut-être temps pour vous de songer à changer d’emploi.

Si le retour au travail du lundi matin est devenu une corvée ou une source d’angoisse, une bonne réflexion s’impose pour savoir si vous avez fait le tour du jardin. Après tout, peut-être est-il temps pour vous d’aller voir si l’herbe est plus verte chez le voisin? Voici quelques éléments à considérer pour éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain.

Indicateurs à surveiller

Les conséquences d’un mal-être au travail sur notre qualité de vie peuvent être considérables. On parle d’une plus grande irritabilité, d’insomnie, de consommation d’alcool ou de drogue, d’épuisement professionnel, etc.

Ces signes ne trompent pas et sont des symptômes clairs que quelque chose ne tourne pas rond. Mais sans aller jusque-là, Suzanne Ménard, CRIA, vice-présidente, Épanouissement de carrière, Gestion des talents chez Gallagher, parle de perte de sens. «On n’y trouve plus son compte, on a le sentiment de ne pas être “sur son X” et d’avoir perdu l’équilibre entre les éléments qui faisaient en sorte que l’on était bien dans son emploi. Par exemple, le salaire pouvait ne pas être très élevé, mais était compensé par la flexibilité des horaires ou par un travail en adéquation avec nos valeurs. Quand cet équilibre est rompu, cela ne fonctionne plus», constate-t-elle.

L’absence de projets stimulants, le sentiment d’être enfermé dans un rôle qui ne nous convient plus et l’impression d’avoir atteint le maximum des possibilités qui nous étaient offertes, et ce, sans voir d’options d’évolution professionnelle à l’horizon, devraient aussi nous mettre la puce à l’oreille.

«Prendre de mauvais plis, arriver en retard fréquemment, ne plus se préparer aux rencontres, perdre l’intérêt pour les tâches et l’entreprise, et stagner dans l’atteinte de ses objectifs sont aussi des points à surveiller», mentionne Marie-Pier Bélanger, leader coaching, Développement des leaders et des équipes chez Humance.

Une autre question intéressante à de se poser : qu’a-t-on appris au cours des six derniers mois? «Si la réponse est rien, ce n’est pas bon signe», indique Annie Boilard, CRHA, Distinction Fellow et présidente du Réseau Annie RH. Mais attention, il ne s’agit pas toujours d’avoir appris quelque chose de nouveau; avoir gagné en confiance, en aisance ou en efficacité est aussi une réponse valable.

Partir ou rester?

Force est de constater qu’aujourd’hui, changer d’emploi est beaucoup plus fréquent qu’autrefois. «On est passé de six à huit fois en carrière à une cadence plus rapprochée, soit tous les quatre ans ou quatre ans et demi, pour un total de 13 à 15 fois», remarque Marie-Pier Bélanger. Est-ce à dire que l’on est plus prompt à chercher un nouvel emploi dès que s’installe un sentiment de perte de vitesse? Probablement, surtout en période de pénurie de main-d’œuvre où la quantité d’offres excède celle des talents disponibles.

Marie-Pier Bélanger appelle toutefois à la modération et souligne qu’en dehors d’un climat de travail toxique ou d’une mésentente profonde avec son gestionnaire, il vaut parfois mieux y penser à deux fois. «Une bonne pratique est de mettre en œuvre des rituels pour faire le point sur son emploi, par exemple une fois par an. Cela peut aussi être associé à des cycles : à 30 ans, à 40 ans, à 50 ans.»

À cet égard, il est essentiel de définir ses propres critères et de déterminer ce qui est important à nos yeux dans notre emploi : apprendre, connecter avec les autres, faire une différence, s’épanouir professionnellement, etc. «Après avoir fait le point, c’est important d’avoir une conversation avec son patron ou un responsable des ressources humaines. Il y a peut-être des possibilités de progression à l’interne. Cela vaudrait la peine d’explorer avant de se mettre en quête d’un nouvel emploi», précise Marie-Pier Bélanger.

Si vous manquez d’aisance pour entamer cette discussion dans votre organisation, dans ce cas vous pourriez envisager d’en parler avec une personne externe, comme un mentor ou un proche. «Il est important de savoir ce qui se cache derrière le sentiment d’avoir fait le tour du jardin. Derrière une frustration, il y a généralement un besoin auquel on n’a pas répondu ou qui n’a pas été compris. Avant de partir, pourquoi ne pas se donner la chance d’explorer d’autres avenues, par exemple en acceptant des responsabilités qui nous sortent de notre zone de confort», mentionne Marie-Pier Bélanger. Qui sait, cette nouvelle expérience vous réserve peut-être une bonne surprise.