L’été est souvent une période propice pour prendre du recul et se poser des questions. Si vous avez conclu que votre travail ne vous satisfait plus et qu’il est temps de passer à autre chose, voici quelques éléments à considérer avant de passer à l’action.

Même si vous pensez avoir une foule de bonnes raisons de vouloir changer d’emploi, de l’avis des experts consultés, il est important de ne pas agir sur un coup de tête. «Il est difficile de trouver un environnement qui comble tous nos besoins et on ne devrait pas laisser quelques irritants nous faire perdre de vue nos priorités et les raisons pour lesquelles on aimait notre travail», recommande  Julie Carignan, CRHA et psychologue organisationnelle, associée au sein de la firme Humance. Pour appuyer la réflexion, elle conseille donc de déterminer les critères qui sont essentiels à nos yeux, tant en ce qui concerne la nature de la tâche que la façon dont notre emploi s’insère dans notre vie plus globale.

Mario Côté, CRHA, consultant, conférencier et formateur, constate pour sa part qu’à cause de la charge élevée de travail au quotidien, on n’a guère le temps de réfléchir à ces enjeux dans le feu de l’action. «Il faudrait pourtant se réserver des moments pour faire le point régulièrement sur sa carrière, au lieu d’y penser au moment des congés, à plus forte raison quand on est épuisé», suggère-t-il.

Les raisons de partir

Alain Gosselin, CRHA Distinction Fellow et professeur émérite à HEC Montréal, mentionne que les raisons qui poussent une personne à démissionner sont variées. «Bien souvent, ce n’est pas tant l’entreprise que l’on quitte, mais son patron. La relation avec le supérieur hiérarchique est déterminante. Les rapports avec les collègues sont tout aussi importants, en particulier pour les jeunes générations», note-t-il.

Il ajoute que le salaire pèse également lourd dans la balance. Se développer et acquérir de nouvelles compétences, grandir au sein de l’entreprise, se voir confier des projets intéressants sont d’autres aspects qui comptent, notamment pour les jeunes. «Les personnes plus avancées en âge et qui travaillent pour un même employeur depuis plusieurs années sont davantage fidèles, car le coût d’un départ est élevé en termes d’avantages sociaux, d’ancienneté, de fonds de pension, etc. Mais elles pourraient décider de partir si elles ont le sentiment que les promesses n’ont pas été respectées, surtout en cette période où les opportunités sont nombreuses sur le marché du travail», précise-t-il.

Des signaux à prendre au sérieux

Par ailleurs, certains signaux devraient être pris au sérieux, prévient Mario Côté. Par exemple un conflit de valeurs, un manque d’autonomie, un climat qui s’est détérioré ou qui est devenu toxique, ou lorsque le travail se fait trop envahissant, affectant ainsi notre équilibre et notre bien-être.

«Il est normal de ressentir des frustrations par rapport à certains aspects de notre emploi, mais si elles reviennent systématiquement et intensément, que cela génère du stress et de l’anxiété, il faut être vigilant», estime Julie Carignan. Elle souligne que démissionner n’est pas toujours la solution. «Parfois, aller chercher du soutien et avoir une conversation avec son gestionnaire peuvent permettre d’améliorer la situation», ajoute-t-elle.

Rester en bons termes

Les experts consultés déconseillent de démissionner en pratiquant la politique de la terre brûlée. «Si on est encore en réflexion, le patron pourrait même apprécier que l’on en discute avec lui afin de lui donner une chance de rectifier le tir. En tout état de cause, il faut bien gérer son départ et rester en bons termes», remarque Alain Gosselin. Et ce, d’autant que le phénomène de «l’employé boomerang» gagne en importance, quand il constate que l’herbe n’est pas si verte chez le voisin et qu’il souhaite alors réintégrer son emploi précédent. Plusieurs employeurs veulent aussi garder contact avec leurs anciens employés pour éventuellement les recontacter quelques mois plus tard.

Concernant les modalités de la démission en tant que telles, Mario Côté insiste sur le fait que, même si l’on peut être tenté d’annoncer sa démission par lettre ou par courriel, la meilleure façon de procéder est en personne.  Julie Carignan abonde dans le même sens et précise que cette rencontre devrait constituer l’occasion d’un dialogue mutuellement bénéfique, et permettre de discuter de diverses modalités, notamment le préavis. «Il faut donner un préavis proportionnel à nos responsabilités et pas uniquement en fonction de ce que prévoient les normes du travail. Cela donnera le temps à l’employeur de se retourner et de faire la transition, de transmettre les dossiers, etc.», explique-t-elle.

Clarifier et s’entendre sur un plan de communication concernant la façon d’annoncer le départ aux collègues et aux clients notamment devraient faire aussi partie de la conversation.

Dernière recommandation de Julie Carignan : effectuer une entrevue de sortie avec un responsable des ressources humaines. «En donnant de la rétroaction, c’est un beau cadeau que l’on fait à l’organisation, dans le sens où cela pourrait l’aider à s’améliorer.»