La grande majorité des employés ont conscience que pour progresser dans leur carrière, ils devront parfaire leurs connaissances. La formation, le perfectionnement et la curiosité intellectuelle sont encore, et plus que jamais, indispensables sur le marché du travail.

«Parce que le monde ne cesse de se complexifier, il est crucial d’apprendre constamment pour ne pas être dépassé et pour savoir gérer l’ambiguïté», fait valoir Pénélope Codello, professeure agrégée au Département de management de HEC Montréal.

Et pour cause! «Le niveau de compétences requis pour exercer une fonction, qu’on soit gestionnaire, médecin, comptable, avocat, livreur, ingénieur ou agriculteur est de plus en plus élevé. Le portefeuille de compétences doit désormais être diversifié, enrichi et mis à jour en continu. Cela s’explique non seulement par l’évolution rapide des technologies et du numérique, mais aussi par l’instabilité croissante, la pénurie de main-d’œuvre et les enjeux en matière d’innovation et de productivité», remarque Marie-Claude Gaudet, CRHA, professeure adjointe au Département de gestion des ressources humaines de HEC Montréal.

Elle estime que le phénomène est loin d’être nouveau, mais il s’est amplifié au cours des dernières années. Résultat : si on ne se tient pas à jour, on se retrouve rapidement à faire du surplace, un élargissement de la zone de non-compétence qui rend les individus et les organisations très vulnérables. Incapables de s’adapter au changement, ils finissent par se retrouver sur une voie de garage…

De plus, selon Jean-François Bertholet, consultant en ressources humaines et chargé de cours à HEC Montréal, l’apprentissage est un muscle qu’on devrait développer et entraîner constamment. Car dès qu’on cesse de le faire travailler, il s’affaiblit et il sera dès lors plus difficile de le remettre en mouvement, un peu comme lorsqu’on cesse l’activité physique et qu’on la reprend après une pause prolongée.

Les avantages de l’apprentissage

Quels sont les avantages pour un travailleur de poursuivre constamment ses apprentissages? De l’avis de Bruno Ouellette, CRHA et psychologue organisationnel, cela permet de maintenir l’intérêt et la motivation. «L’employé demeure stimulé et engagé. Il sera également en mesure de relever de nouveaux défis professionnels et de saisir les nouvelles occasions qu’on lui proposera», assure-t-il.

Selon Marie-Claude Gaudet, puisque la carrière n’a désormais plus de trajectoire précise ni de frontières, l’apprentissage en continu permet aux individus d’améliorer leur mobilité professionnelle. Mais ce n’est pas tout. «Un capital-compétence constamment mis à jour mène à plusieurs résultantes positives qui vont souvent au-delà de la productivité ou de la performance dans les tâches. On observe aussi davantage d’innovation, une meilleure estime de soi, un grand sentiment d’efficacité personnelle et plus d’engagement», affirme-t-elle.

Une responsabilité partagée

Pour toutes ces raisons, employés et organisations devraient mettre en place des stratégies pour actualiser les compétences (upskilling) ou pour en acquérir de nouvelles et reconvertir leur portefeuille de compétences (reskilling). «Certains estiment que cette reconversion touchera près d’un travailleur sur deux d’ici 2025», indique Marie-Claude Gaudet. Elle précise que pour y parvenir, une entreprise peut commencer par instaurer et maintenir une culture d’apprentissage continu, et ce, même si ce n’est pas toujours chose aisée.

Ainsi, un gestionnaire pourrait aider ses équipes à se développer en se basant notamment sur les besoins et les objectifs de l’entreprise, propose Bruno Ouellette. «Il devra s’assurer de maintenir le niveau de connaissances de ses équipes. En ce sens, le rôle de gestionnaire-coach qui accompagne dans le développement prend une importance croissante», souligne Pénélope Codello.

Mais attention, il s’agit d’une responsabilité partagée, tant organisationnelle qu’individuelle. «Un employé ne devrait pas attendre que son patron lui fournisse des occasions de formation et d’apprentissage, mais au contraire, explorer par lui-même ce qui pourrait lui être utile dans son domaine», note Bruno Ouellette.

Pour y parvenir, Jean-François Bertholet recommande de se doter d’une stratégie d’apprentissage, notamment pour séparer l’information à valeur ajoutée de celle qui n’en a que peu ou pas. «Les technologies nous inondent d’informations (articles, nouvelles, résultats de recherches, etc.), mais il faut savoir où aller chercher celles qui ont réellement un intérêt et faire le tri. Par exemple, on se désabonne des infolettres inutiles et on suit des experts ou des chercheurs dans des domaines variés, même ceux qui ne sont pas liés à notre champ d’activité, afin de diversifier nos sources», conseille-t-il.

Avoir l’esprit curieux, se montrer proactif et alimenter constamment nos connaissances avec des informations variées et de qualité, voilà les ingrédients pour rester sur la voie de l’apprentissage.