Les Prix ARDI ont été remis pour la première fois afin de reconnaître la relève et l’innovation en philanthropie culturelle. Petite histoire du prix et portrait des deux lauréats 2017.  

Fruits de l’initiative conjointe de la Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi Marcoux de HEC Montréal et de la Brigade Arts Affaires de Montréal (BAAM), les Prix ARDI ont pour but de célébrer la créativité dans les relations arts et affaires. Leur nom vient d’une fusion entre les termes « art » et « hardi », afin de souligner l’audace et l’originalité de deux acteurs de la relève dans ce domaine. « Ces prix sont remis, l’un à un gestionnaire de 40 ans et moins œuvrant dans un organisme culturel de petite ou de moyenne taille et ayant un budget de moins de 1 million $, et l’autre à une personne de 40 ans et moins de la relève d’affaires pour souligner son implication philanthropique exemplaire et innovante », explique Benoît Beauchemin, coprésident du BAAM.

Une initiative conjointe

Pourquoi avoir décidé de créer ces prix ? Stéphanie Lavallée, coprésidente du BAAM, indique que le but était de pallier un manque. « Nous avions constaté que les petits et moyens organismes du secteur culturel ont de la difficulté à amasser des fonds. L’idée de mettre sur pied un prix afin de soutenir ces organismes a donc germé. Au même moment, la Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi Marcoux de HEC Montréal nous a approchés », dit-elle. En effet, cette dernière remettait déjà le Prix du gestionnaire culturel qui vise à reconnaître la contribution exceptionnelle d’un gestionnaire au développement d’un organisme ou d’une entreprise culturelle; elle souhaitait maintenant souligner le travail d’un professionnel issu de la relève, indique François Colbert, titulaire de la Chaire. « Au bout du compte, nous avons créé ensemble un prix pour souligner l’initiative innovante de deux jeunes gestionnaires, l’un venant de l’entreprise privée et l’autre d’une entreprise culturelle », précise M. Colbert.


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Les Prix ARDI consistent en deux bourses de 2 500 $ chacune. Celle qui récompense le gestionnaire culturel doit être remise par celui-ci à l’organisme culturel qui l’emploie. Celle destinée à la relève d’affaires est versée à un organisme culturel disposant d’un budget de moins de 1 million $, choisi par la personne récompensée. Par ailleurs, la Chaire offre sans frais aux deux lauréats l’accès à son programme de mentorat culturel, en tant que mentor ou mentoré. « Nous avons reçu 24 candidatures de très grande qualité, un nombre inespéré pour une première édition », s’est réjouie Stéphanie Lavallée. Pour sa part, Benoît Beauchemin espère que les Prix ARDI auront un effet d’entraînement et qu’ils inciteront un nombre croissant de leaders de la relève d’affaires à s’engager dans la philanthropie culturelle.

Relève d’affaires

Le lauréat de la relève d’affaires est Marc-Antoine Saumier, directeur d’une succursale de la Banque TD à Montréal. Il a choisi de remettre la bourse à la Fonderie Darling. Marc-Antoine Saumier est l’instigateur du Cercle des jeunes philanthropes, visant à impliquer les professionnels de 25 à 45 ans dans les activités du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Plusieurs événements sont organisés pour les membres du cercle, notamment des D-Vernissages, une visite intime après les heures d’ouverture du musée pour clore une exposition.

« Grâce aux dons des membres du Cercle, qui sont actuellement au nombre de 530, le MBAM a pu acquérir deux nouvelles œuvres », mentionne M. Saumier, qui estime qu’il est essentiel d’intéresser la relève à la philanthropie culturelle. « Il faut trouver sa piqûre : les arts visuels, la danse, la musique… les possibilités ne manquent pas! », assure-t-il.


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Gestionnaire culturel

Le lauréat du Prix ARDI dans la catégorie du jeune gestionnaire culturel est Mathieu Baril, responsable du financement privé à Tangente et à l’Agora de la danse. Il a conçu un plan de développement de la commandite et de la philanthropie, incluant plusieurs initiatives originales comme la campagne Donnez Dansez afin d’amasser 200 000 $. À souligner également, le projet Donnez un coup de pouce, déplacez une montagne!, où les chorégraphes programmés par le diffuseur en danse en 2016-2017 ont reçu un accompagnement stratégique et une formation pour mener à bien des campagnes sur les plateformes de sociofinancement. « Dès les premiers 1 000 $ récoltés, la Caisse Desjardins de la culture a versé 500 $ par projet, soit un total de 3 500 $, un investissement qui au total a permis de générer plus de 18 000 $ grâce à l’appui de 250 donateurs », explique Mathieu Baril. Pourquoi encourager la philanthropie culturelle? « Parce qu’elle permet de soutenir l’économie créative du Québec. Cela ne concerne pas seulement les arts, mais aussi des entreprises comme Ubisoft ou Bombardier, qui misent sur l’innovation. C’est un vaste écosystème qui favorise l’émergence de la créativité », conclut-il.