Savoir observer. Savoir mettre le public au cœur de son intention. Savoir attiser le désir d’écoute dans le respect de l’autre. C’est à la fois une voix, une attitude, une stratégie, comme le démontre Michèle Taïeb, auteure-dramaturge, comédienne et pédagogue française qui déploie son art, ses conseils et ses exercices d’entraînement dans son plus récent ouvrage. L’art de parler, ça se travaille!

Maë s’avance fébrilement vers la scène, en proie aux hésitations. Le travail de la pédagogue du talent oratoire commence : «– Et vous avez envie que l’on vous écoute? – Bien sûr, sinon je ne serais pas là! – Est-ce que vous savez ce que vous désirez obtenir [des gens qui vous écoutent]? – Obtenir? – Est-ce que vous voulez obtenir leur adhésion? Est-ce que vous voulez les convaincre? Les informer? Savez-vous précisément le message que vous souhaitez leur délivrer? – Ouuui... à peu près… - Peut-être n’arrivez-vous pas à leur faire face parce que vos intentions manquent de clarté», suggère-t-elle. Ce sont là les principes d’une communication efficace.

Parler pour être écouté

Taïeb, M., Parler pour être écouté : développer sa présence, maintenir l’attention, faciliter la compréhension, Paris, Éditions Eyrolles, 2023, 280 pages. 

Se faire entendre

On peut entendre sans écouter. On peut aussi vouloir écouter, mais ne pas entendre. Il y a dans l’art de bien se faire entendre une façon de porter sa voix et de la projeter pour parvenir jusqu’à l’autre. Au préalable, pour qui veut utiliser sa voix en toute conscience, il est bon de savoir repérer les différents comportements vocaux.

Ainsi, «la voix d’expression simple» sert à parler, à raconter, à commenter sans intention vis-à-vis de son interlocuteur. Au contraire, «la voix d’appel ou d’insistance» a pour but de provoquer une réaction chez l’autre en déclarant, en ordonnant, en adressant des reproches ou en affirmant avec force. Cette voix a de quoi retenir l’attention, mais si elle est mal utilisée, elle génère des tensions qui peuvent entraîner des troubles vocaux, selon Michèle Taïeb. Enfin, «la voix projetée ou implicatrice» est celle de l’orateur qui se produit en public, devant une classe d’élèves ou en réunion, par exemple. Ce geste vocal fait appel à différents procédés : respiration, ancrage, regard, prononciation des consonnes et des voyelles, etc.

Projeter sa voix

Une bonne projection vocale repose sur quatre éléments : l’intention, le regard, la posture et le souffle. «L’intention précède l’action et doit donc être définie de façon précise avant la prise de parole, surtout si l’orateur est en mode improvisation. Et plus il sera clair sur son objectif, plus il aura des chances de l’atteindre», écrit la comédienne. Utiliser le regard, c’est parfois regarder un auditoire en alternant le regard «panoramique» et le regard «laser» à bon escient. Côté posture, «un bon ancrage au sol offre une liberté du haut du corps et du larynx et libère la colonne d’air porteuse de la parole». Au lieu d’une respiration thoracique, le souffle abdominal «offre au diaphragme de jouer son rôle de soutien et d’assurance, et donne à l’orateur l’appui indispensable pour fournir l’énergie nécessaire à la projection vocale». Pour développer cette présence qui retient l’attention, l’auteure explore les différentes attitudes qu’il faut avoir et les stratégies qu’il faut déployer pour se faire comprendre. Après la lecture de cet ouvrage, la présence oratoire n’aura plus de secrets pour qui que ce soit!

Article publié dans l’édition Automne 2023 de Gestion