La nomophobie, cette peur d’être séparé de son téléphone cellulaire, toucherait aujourd’hui 70% de la population. Ce petit écran est par la force des choses devenu un indispensable allié dans toutes les sphères de notre vie et il est très difficile pour certains de s’en détacher.

Au-delà des effets sur la santé mentale et physique des individus, saviez-vous que cette dépendance au téléphone peut avoir des incidences majeures sur votre organisation et sur vos équipes?

1. Attention et concentration

Vous vous concentrez sur une tâche importante et tout à coup, votre attention bifurque vers votre téléphone. Résister à l’appel de la connexion est ardu : le Web est une source bien connue de dopamine sur demande.

Le téléphone cellulaire est l’ennemi numéro 1 de votre concentration et de celle de vos équipes. On perdrait en moyenne 56 minutes de temps de travail quotidiennement à cause de lui!

À ces interruptions constantes et à ce temps perdu s’ajoutent d’autres répercussions :

  • Selon une étude de l’Université de la Californie, une moyenne de 23 minutes serait nécessaire pour retrouver une bulle de concentration intense.
  • Les répercussions psychiques dues à la navigation en ligne peuvent influencer votre humeur : les informations et les nouvelles consultées ne sont pas toujours positives et motivantes.
  • Interrompre son travail pour naviguer ou correspondre à l’aide de son téléphone cellulaire incite souvent à faire du multitâche, ce qui peut occasionner des erreurs d’inattention aux conséquences fâcheuses.

2. Expérience employé et conditions de travail

La satisfaction au travail passe en partie par l’atteinte de nos objectifs. Ainsi, le plaisir que l’on peut prendre à réaliser une tâche qui nous est confiée se trouve intimement lié à notre sentiment d’accomplissement.  

La nomophobie peut nous pousser à dépenser notre énergie à gérer des choses secondaires. Selon plusieurs études, elle pourrait entraîner une baisse de motivation au travail ainsi qu’un épuisement émotionnel, ce qui a un effet direct sur notre productivité et notre satisfaction générale.

D’autres gestes d’apparence banale peuvent avoir des répercussions insidieuses sur les conditions de travail globales de l’organisation, la culture d’entreprise et l’ambiance professionnelle en elle-même. Par exemple, des équipes qui ne limitent pas l’utilisation de leur téléphone personnel s’exposent à de potentielles sollicitations de leurs supérieurs, de leurs collègues ou encore de clients en dehors des heures de travail.

3. Déconnexion et conciliation famille-travail

Vous êtes à votre domicile. Votre famille discute et vous êtes présent-absent, les yeux rivés sur votre téléphone. Vous n’aviez pas prévu de consulter vos courriels professionnels, mais vous y avez pensé en déverrouillant par réflexe l’écran de l’appareil.

La nomophobie brouille considérablement les frontières entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Il faut donc redoubler d’efforts pour s’ancrer dans l’instant présent et décrocher du travail. C’est un obstacle à la conciliation famille-travail et au repos.

Les temps de récupération sont essentiels aussi bien à notre bonne santé qu’à notre productivité. Le droit à la déconnexion s’inscrit dès lors comme une mesure indispensable pour réduire les risques liés à l’hyperconnectivité.

Accompagner au lieu de punir

Attention : confisquer l’appareil n’est pas la solution. La nomophobie est un état de manque réel et sérieux. Retirer le téléphone des mains de son utilisateur ou de son utilisatrice peut provoquer du stress et de l’anxiété. Ce n’est pas un geste à privilégier.

Voici quelques pistes d’action à considérer :

  • Intégrer la nomophobie dans votre plan de bien-être au travail

Organisez, par exemple, des actions de sensibilisation pour éduquer le personnel au sujet de cette dépendance par le biais d’activités d’équipe ou de formations, et avec les gestionnaires.

  • Légitimer la nomophobie au sein de vos équipes

Formez notamment vos gestionnaires quant à la façon d’agir auprès de leurs équipes lorsqu’ils sont confrontés à cet enjeu.

  • Mettre en place des actions concrètes

Lancez des défis à vos équipes, par exemple en instaurant des réunions volontaires sans téléphone, pour alimenter la réflexion vis-à-vis de leur relation avec le téléphone.

  • Valoriser les périodes de concentration

Déterminez des heures sans communication afin de réduire la pression liée à la disponibilité constante et au syndrome FOMO (de l’anglais fear of missing out : la peur de rater quelque chose d’intéressant ou d’important).