Réussir à nous déconnecter de nos outils numériques : un véritable défi alors que nous avons accès à Internet aux quatre coins du monde! Pourtant, nous détacher de la technologie est absolument nécessaire, non seulement pour notre santé mentale et physique ou pour le bien de nos relations sociales, mais aussi pour notre productivité au travail.

Si passer en mode «avion» peut sembler facile pour certains, ce n’est pas le cas de la majorité de la population. Selon une étude australienne, jusqu’à 99,2% des utilisateurs de téléphones intelligents sont en effet atteints de mobidépendance, un état de privation provoqué par le fait pour eux d’être séparés de leur appareil. Ce sentiment est souvent associé au syndrome FOMO (de l’anglais fear of missing out), qui se résume à la peur de manquer quelque chose.

C’est un fait : l’innovation technologique a été fulgurante ces dernières années, et les populaires plateformes web que nous utilisons se servent de stratagèmes mis en place par des équipes de neurologues et de psychologues pour ancrer des habitudes bien solides chez leurs utilisateurs. Voilà pourquoi demander à nos équipes de se déconnecter durant leurs périodes de repos n’a souvent aucune incidence sur leurs comportements!

Une culture d'instantanéité s’est développée tranquillement au fur et à mesure que les outils numériques ont évolué. Résultat? Aujourd’hui, répondre immédiatement à un courriel est devenu, pour certains travailleurs, un signe de professionnalisme ou d’implication. Il semble alors presque anodin de couper court à une conversation avec un collègue pour répondre à un client, sinon d’interrompre un moment en famille pour lire un courriel important en dehors des heures de travail.

Ce sentiment d’insécurité met à mal l’identification des vraies urgences, la priorisation des tâches en fonction de leur niveau d’importance ou encore le traitement des informations, lesquelles affluent parfois en quantité astronomique. Car oui, l’autre défi de taille de notre ère numérique, c’est la surcharge informationnelle. Aussi appelée infobésité, cette surabondance de communications numériques peut entraîner de véritables problèmes dans les échanges internes et l’assimilation des informations importantes

Distractions numériques et productivité

Le télétravail et la formule hybride ont, pour leur part, amplifié ce problème d’hyperconnectivité en transportant le travail à la maison. Équipes épuisées ou stressées, ayant de la difficulté à se reposer, à se concentrer ou à performer : il est tout à fait possible que la technologie soit la source même de cette baisse de motivation, d’énergie et de créativité si elle est mal utilisée. Notre concentration est fragile; or, les outils numériques que nous utilisons au quotidien – que ce soit dans notre vie privée ou dans la sphère professionnelle – essaient justement de capter notre attention, fatiguant notre corps autant que notre tête. Pensons aux outils de clavardage, aux courriels ou au simple téléphone intelligent : étant donné qu’ils nous permettent de rester constamment en ligne, ils sont susceptibles d’entraîner des comportements contre-productifs. Par exemple, les équipes, anxieuses à l’idée de manquer un message, resteront en état d’alerte perpétuel afin de pouvoir réagir immédiatement au lieu de mettre toute leur attention sur une tâche précise.

Occasionnant une perte de temps de l’ordre de 28 % à l’intérieur d’une journée de travail typique, les distractions numériques sont, de surcroît, à risque d’entraîner une surcharge de travail, des fautes d’inattention ou même des difficultés de compréhension, cerveau complètement surmené oblige. Ainsi donc, aussi fantastique soit-elle pour améliorer nos vies et nos façons de communiquer, la technologie peut devenir l’ennemi numéro 1 de notre concentration. L’heure de la contre-attaque est arrivée!

Aider nos équipes à ne pas se laisser aspirer par le numérique

L’idée à retenir : les organisations ont tout intérêt à mettre le bien-être numérique au cœur de leur culture d’entreprise afin d’instaurer un environnement de travail sain et performant. Voici quelques pistes qui leur permettront d’y arriver.

1. Sensibiliser notre personnel à l’hyperconnectivité

Changer nos habitudes numériques n’est pas chose facile, car pour ce faire, nous devons nous défaire de gestes automatiques. Il est donc essentiel que nous nous éduquions afin de comprendre la relation que nous entretenons avec les outils technologiques. Après tout, il n’est pas rare que nous consacrions du temps à des formations qui nous expliquent les fonctionnalités d’un outil de gestion, n’est-ce pas? Or, très peu d’équipes et de gestionnaires sont invités à suivre des ateliers axés sur la gestion adéquate de leurs outils numériques pour :

  • leur santé, afin d’éviter de sentir qu’ils débordent de travail ou qu’ils sont épuisés mentalement;
  • leurs relations sociales, question d’éviter les frictions entre collègues;
  • la conciliation travail-famille, soit le lâcher-prise nécessaire pour se déconnecter quand c’est le temps;
  • leur efficacité, afin de réduire les distractions numériques.

2. Communiquer avec nos équipes

Discuter en équipe des défis internes propres à la technologie et des comportements néfastes liés à l’utilisation du numérique peut aider :

  • à mettre en évidence les problèmes qui existent dans l'organisation;
  • à trouver des solutions et à aider nos équipes à mieux travailler.

Quelques exemples de questions à nous poser :

  • Quels sont les outils utilisés en interne?
  • Sont-ils adéquats pour notre réalité?
  • Les informations sont-elles communiquées de façon efficace pour limiter la surcharge informationnelle?

3. Encourager les pauses sans écran

Le mode hybride et le télétravail ont amené leur lot de défis. Parmi eux : les fameuses visioconférences! Celles-ci ont envahi nos quarts de travail, et il y a lieu de mentionner que cette technologie entraîne une importante fatigue oculaire, en plus d’accroître les risques de problèmes de santé liés à la sédentarité. Encourager nos employés à organiser leur horaire en prévoyant des pauses efficaces sans écran les aidera à quitter plus souvent leur bureau et à relâcher la pression liée à la disponibilité constante, grande source de stress et d’anxiété, comme nous l’avons vu précédemment.

Le droit à la déconnexion : un choix gagnant

La technologie est un outil qui nous fait gagner du temps – quand nous l’utilisons pour les bonnes raisons – ou qui, au contraire, surcharge nos journées de travail. Le risque d’un épuisement mental est alors bien présent! Donner des outils concrets à nos équipes pour leur permettre de maîtriser les distractions numériques et les aider à s’octroyer des moments de déconnexion se révèle donc impératif pour garder la motivation intacte dans notre monde 2.0. C’est aussi un atout à ne pas sous-estimer en contexte de recrutement, les candidats étant de plus en plus nombreux à chercher des entreprises soucieuses de leur bien-être et de la conciliation travail-famille.