Article publié dans l'édition hiver 2016 de Gestion

Incendies, explosions, monstres de toute sorte et intempéries ont permis à la firme MPC de se démarquer dans le secteur très concurrentiel des effets visuels. Sa directrice générale pour la région montréalaise, Émilie Dussault, nous parle de la place unique qu’occupe Montréal sur la scène internationale et des nombreux défis auxquels doivent faire face les joueurs de cette industrie en plein essor.

Le Québec s’est imposé comme centre d’excellence de calibre mondial dans le domaine des effets visuels. Le secteur croît annuellement à un taux moyen de 27 % alors que ce rythme est de 17 % au Canada. La reconnaissance de la qualité du travail produit à Montréal et le dynamisme du studio ont eu un effet d’entraînement qui a bénéficié à l’ensemble de l’écosystème : le succès appelle le succès ! La croissance phénoménale de cette grappe industrielle de l’économie du savoir n’est pas le fruit du hasard. Selon moi, elle repose essentiellement sur trois éléments : la fiscalité, la culture et la formation.


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MPC

Inauguré en 2013, le studio montréalais de la multinationale française Technicolor a rapidement fait sa marque avec son tout premier projet, X-Men – Jours d’un avenir passé, qui lui a valu une nomination aux Oscars en 2015. Forts de ce succès fulgurant, ses artisans ont, entre autres nombreux projets, contribué à créer l’univers des productions de Disney Promenons-nous dans les bois et Cendrillon. Ils ont aussi recréé le jeune Arnold Schwarzenegger dans Terminator.

Une fiscalité concurrentielle

cendrillon

Cendrillon, avant et après l'ajout des effets visuels. / Photos: MPC

Tout d’abord, le Québec se distingue grâce à son environnement fiscal concurrentiel. Depuis les années 1990, le gouvernement québécois a mis en place des mesures incitatives ciblées qui se sont révélées très efficaces pour attirer les investissements étrangers et favoriser l’exploitation de nouveaux créneaux. L’industrie du jeu vidéo est d’ailleurs un bon exemple de cette réussite. Quant à l’industrie des effets visuels, elle suit la même voie et devrait rayonner tout autant d’ici quelques années.

Avant de faire affaire avec l’un ou l’autre des studios d’envergure mondiale, les grands producteurs examinent en effet l’avantage économique qu’il y a à confier la réalisation de certains effets visuels à un studio en particulier. À qualité équivalente, le coût net pour le client devient souvent le nerf de la guerre et le facteur prépondérant dans le choix du client. Il y a bien sûr d’autres considérations hormis l’aspect pécuniaire, mais celui-ci reste un élément déterminant, d’où l’importance de maintenir un environnement fiscal concurrentiel.

Un bouillonnement culturel propice à la création

Nous bénéficions par ailleurs du caractère multiculturel de la métropole, qui offre un cadre de vie favorable aux échanges et à la création. Depuis deux ans, des créateurs talentueux issus de cultures et de milieux variés sont venus gonfler les rangs de la firme MPC et des autres studios qui ont pignon sur rue à Montréal.

La créativité est au cœur même de notre métier et nous devons rassembler des artistes aux origines et aux cultures différentes. Il faut à la fois pouvoir les recruter et savoir les attirer au Québec, où il existe déjà un socle de diversité. La vitalité de Montréal dépend de cette mobilité qu’il faut veiller non seulement à maintenir mais également à encourager. En plus des nombreux talents venus des quatre coins du monde qui convergent vers Montréal, les projets d’envergure favorisent le retour des Québécois qui avaient dû s’expatrier pour collaborer à des productions plus importantes. Il est étonnant de voir combien de Québécois on peut recruter à l’occasion d’un événement… à Londres !

L’accès à un talent explosif

L’industrie – MPC Montréal ne fait pas exception – recherche activement de nouveaux talents pour pourvoir les postes actuels ainsi que les 2 000 emplois qui devraient être créés d’ici 2020. Pour continuer à se démarquer à l’échelle mondiale, l’entreprise doit former, recruter et retenir les meilleurs candidats. L’industrie des effets visuels n’étant pas encore arrivée à maturité au Québec, les institutions ne forment pas suffisamment de spécialistes pour occuper les emplois disponibles, et ce, malgré une étroite collaboration avec les studios.

Dans ce contexte, nous avons mis sur pied, à l’automne 2014, une académie de formation. Ce programme intensif de trois mois permet aux jeunes diplômés du baccalauréat de faire le pont entre la fin de leurs études théoriques et les exigences élevées du marché professionnel. Une fois leur formation réussie, les étudiants ont en poche un contrat de travail de douze mois chez MPC. Nous offrons également de la formation continue pour répondre aux besoins en matière de qualité, de normes et de volume des mégaproductions. La formation à la fine pointe de la technologie de notre équipe contribue sans aucun doute au succès de MPC.


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Évoluer dans une industrie en pleine effervescence est certes hautement motivant, mais la croissance entraîne aussi des défis au point de vue de la gestion. Pour notre secteur d’activité, les questions reliées à la formation et au recrutement de nos artistes sont primordiales. La concurrence est féroce entre les studios d’effets visuels qui veulent s’adjoindre les animateurs 3D et les designers graphiques les plus chevronnés pour ensuite mener à bien les meilleurs projets. Tout comme on choisit un architecte pour ses réalisations et sa réputation, les réalisateurs désirent parfois travailler avec un superviseur d’effets visuels en particulier.

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X-Men - Jours d'un avenir passé, avant et après l'ajout des effets visuels.

La planète comme terrain de jeu

La concurrence mondiale entre les studios d’effets visuels constitue un autre défi de taille à relever. Marque reconnue dans le monde du cinéma, MPC profite d’une réputation d’expertise qui s’étend sur plusieurs décennies. Il faut tout de même rassurer les réalisateurs quant à la capacité de nos talents locaux de mener à bien les projets, étant donné la création plutôt récente du studio de Montréal. Notre travail quotidien consiste à vendre notre créativité et notre professionnalisme. Les investissements nécessaires au financement d’une production hollywoodienne sont considérables et la concurrence pour les dollars du cinéma américain demeure vive. MPC dispose toutefois d’un avantage : les effets visuels représentent une part grandissante du contenu créatif en cinéma et en publicité. Bref, il y en aura davantage pour tout le monde.

Nous sommes implantés dans un secteur mondialisé dont la production est dématérialisée. Dans ce contexte propre à la nouvelle économie, talents, idées et contrats voyagent sans difficulté d’un bout à l’autre de la planète. MPC veut faire en sorte qu’ils transitent par Montréal.