Beaucoup d’entreprises se préoccupent aujourd’hui de leur responsabilité « sociétale » non seulement au chapitre de l’environnement, mais aussi en respectant davantage leurs clients, leurs employés, leurs fournisseurs… Mais la cohérence de ces démarches de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est extrêmement variable, les certifications ISO 26000 et autres n’étant pas toujours garantes de leur authenticité.


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Volkswagen était bien certifiée RSE; cela ne l’a pas empêchée de tricher pendant 10 ans ! Pour éviter ce genre de déboires et pour avancer sereinement sur cet axe de la responsabilité sociétale, il importe de prendre conscience qu’il existe quatre niveaux d’action, deux négatifs et deux positifs :

Niveau 1, celui de l’illégalité On ne peut pas se lancer dans le développement durable en ne respectant pas la loi du salaire minimum par exemple ou les règlements relatifs aux appels d’offres publics.

Niveau 2, celui de l’irresponsabilité Les pratiques irresponsables ne sont pas expressément illégales; elles contournent la légalité, à l’instar de l’obsolescence programmée ou de l’optimisation fiscale; elles peuvent aussi provenir, comme dans le cas des écarts de salaire, de l’absence de normes, mais ici le commun des mortels considère qu’il y a abus. Le questionnaire « impertinent » ci-contre est à utiliser comme un miroir; il mérite d’être rempli par tout dirigeant se targuant d’avoir une politique RSE : on ne peut se vanter auprès de nos clients, de nos employés, de nos fournisseurs, du monde entier!… d’être impeccable du point de vue environnemental et, en même temps, de pratiquer l’optimisation fiscale. Le retour du bâton sera garanti.

Niveau 3 : les « initiatives » responsables L’entreprise met en place diverses actions ou programmes soit pour contrecarrer des problèmes (ex. : éliminer les eaux usées, former les travailleurs, mieux traiter les réclamations…), soit pour apporter une valeur ajoutée aux différents acteurs de l’entreprise (ex : installer une garderie, faciliter le covoiturage des employés matin et soir…)


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Niveau 4 : Le « modèle d’affaires » responsable L’entreprise définit sa mission sous l’angle économique ET sociétal à la manière de Ben & Jerry’s; la performance est globale, dotée d’indicateurs économiques (marge opérationnelle, rendement des actifs, productivité…) et d’indicateurs sociétaux (création d’emplois, bilan carbone, mobilisation des employés…); le tout découlant d’une stratégie construite autour d’un modèle d’affaires centré sur l’usage tel que celui de Michelin, ou du modèle de l’économie circulaire tel que celui de Patagonia ou de Cascades et sur des valeurs humanistes. Cette entreprise crée, comme le dit Michael Porter, de « la valeur partagée » pour toutes ses parties prenantes. Cette entreprise est passée du niveau 3, celui de la RSE palliative, à la RSE stratégique. C’est le modèle à 360° de l’entreprise « progressiste », engagée sur le long terme à avoir une contribution économique et sociétale. Il ne doit pas être confondu avec celui de l’économie sociale dont la finalité est par définition sociale à 100 %. Le modèle de l’entreprise progressiste est dual,  équilibré dans sa vision et dans sa performance entre l’économique et le sociétal ; c’est en cela qu’il change la donne.