Après des années de vaches grasses, l'économie de la Monogolie s'effondre avec le cours des matières premières.

Pays dont on entend rarement parler sur la scène internationale, la Mongolie connaît, après une décennie de croissance économique soutenue, un creux de vague inquiétant dont les conséquences frappent sévèrement les quelque trois millions d'habitants de ce vaste pays d'Asie.

Il faut dire qu'au début du présent millénaires, tous les espoirs étaient permis pour ce pays qui gravitait naguère dans l'orbite des régimes communistes de l'ex-U.R.S.S. et de la Chine. Chute du bloc soviétique, introduction de l'économie de marché et accélération de la mondialisation aidant, la Mongolie avait pu mettre à profit les immenses richesses naturelles de son sous-sol et traduire le tout en une croissance économique appréciable au cours des deux dernières décennies. De fait, le pays possède d'intéressantes réserves en minéraux de tout acabit (cuivre, nickel, zinc, fer, molybdène, phosphore, étain), en métaux précieux (or et argent) et en pétrole, un fait qui n'a pas manqué de susciter l'intérêt et d'attirer la convoitise des grandes minières, dont Rio Tinto Alcan. À cet égard, le pays aux interminables steppes prend véritablement figure d'eldorado, dans la mesure où, comme l'affirme la firme Accenture dans une analyse sur le cas mongol (lire « The Allure of Mongolia : Mirage or Opportunity »), seul 15 % de la superficie du pays a été cartographiée au chapitre du potentiel minéralogique. Il existerait environ 6 000 dépôts de minéraux et de métaux en Mongolie, dont 400 ont été à ce jour identifiés. De ce nombre, seulement 160 sont actuellement en exploitation. Bref, tout reste à faire!

Le revers de la médaille

Toutefois, cette richesse encore inexploitée cache une réalité inquiétante, à savoir la très forte dépendance de l'économie du pays aux ressources naturelles. Tant que le prix de ces dernières allait, tout allait! Mais avec la chute brutale du prix des matières premières depuis le début de la présente décennie, la Mongolie a encaissé, comme en fait foi le graphique ci-contre, relatif à la croissance de son PIB. Les conséquences n'en furent que plus dramatiques pour le pays et ses habitants : le déficit budgétaire et la dette ont tous deux explosé, la valeur du tugrik (la devise nationale) s'est dépréciée de 12 % par rapport au dollar américain en 2016, et l'emploi se raréfie. Ajoutons également que la Mongolie dirige entre 80 % et 90 % de ses exportations vers son voisin chinois. Encore ici, les liens commerciaux serrés entre les deux pays ne bénéficient en rien, à l'heure actuelle, à la Mongolie, l'Empire du Milieu connaissant lui aussi un ralentissement économique substantiel.

À ce point, la situation, on l'espère, ne pourra que se redresser pour la Mongolie et ses trois millions d'habitants. Sous l'intense pression de ses créanciers et du Fonds monétaire international, le gouvernement d'Oulan-Bator a entrepris une série de réformes structurelles qui visent à diversifier l'économie du pays. Il est entre autres question d'améliorer la qualité des services vétérinaires, dans cette contrée où l'élevage de certains bovidés (vache, yak et chèvre), d'ovidés (mouton) de chameaux et de chevaux demeure une activité économique et culturelle d'importance. La chose aura son importance, dans ce pays où plus de 30 % de la population vit en régime nomadique ou semi-nomadique, et dont le destin et la prospérité sont intimement liés à ceux de ses bêtes!