Diversité, égalité et inclusion sont aujourd’hui sur toutes les lèvres. Réfléchir à la diversité dans toute sa pluralité, c’est l’ambition de cette publication qui propose de multiples perspectives et autant de possibilités d’action.

La diversité se redéfinit à travers chaque regard qui se pose sur elle, ce qui en fait un sujet complexe aux multiples facettes. C’est bien là tout le sujet de l’ouvrage collectif Le futur de la diversité, dans lequel se croisent les points de vue d’universitaires et de professionnels sur la «gestion de la diversité» dans le monde du travail. Voici un aperçu de ce vaste travail de réflexion.

Kuptsch C. et Charest E., (dir.), Le futur de la diversité, Presses de l’Université du Québec, 2022, 316 p.

Mixité

Plusieurs auteurs s’interrogent d’abord sur la manière d’utiliser des arguments économiques et commerciaux en faveur de la mixité. De fait, «les preuves se multiplient partout dans le monde quant à l’effet stimulant, pour les affaires et pour les économies, de la promotion de la mixité parmi les employés et les cadres et au sein des conseils d’administration», révèlent les auteurs. Une enquête mondiale de l’Organisation internationale du Travail (OIT)* démontre ainsi que la mixité contribue à améliorer les résultats opérationnels dans la majorité des cas étudiés.

Partant de ce constat, d’autres chercheurs questionnent l’efficacité des stratégies et des moyens à mettre en œuvre : si les bénéfices, symboliques ou financiers, «peuvent être accrus en féminisant les conseils d’administration, comment expliquer que le nombre de femmes qui y siègent augmente à un rythme aussi modéré?». Plusieurs pistes de solution sont sur la table : par exemple, mieux utiliser le levier de la négociation collective, encourager «l’investissement socialement responsable» ou encore s’inspirer des pratiques des organisations non gouvernementales (ONG) en gestion de la diversité.

Immigration

L’ouvrage met aussi de l’avant la question de l’acceptation de la diversité dans des sociétés plurielles. Les thèmes de l’inclusion et du rejet sont abordés selon l’angle de l’apport économique de l’immigration. Celle-ci se heurterait à la perception que «les travailleurs peu qualifiés [parmi lesquels les immigrants récents sont surreprésentés] ne stimulent pas autant la productivité des entreprises que les travailleurs très qualifiés». Les auteurs mettent en garde leurs lecteurs : certains résultats témoignant de la faible productivité de ces travailleurs sont à relativiser, car les travailleurs migrants ne peuvent souvent pas obtenir un emploi décent ni de conditions de travail justes et équitables, ce qui a évidemment une incidence sur leur productivité.

Disparités salariales

Cette réflexion d’ampleur braque également les projecteurs sur les données liées aux inégalités en matière de rémunérations. À titre d’exemple, une analyse des revenus d’hommes et de femmes travaillant aux États-Unis pour la plateforme Amazon Mechanical Turk (ou MTurk) révèle que «la plupart des travailleurs concernés en tirent de faibles revenus –80% d’entre eux gagnant moins que le salaire minimum fédéral des États-Unis–, mais aussi que les femmes ont en moyenne un revenu horaire inférieur d’un dollar à celui des hommes, soit un salaire horaire moyen de 4,90$ et 5,90$US, respectivement». Des chiffres révélateurs du chemin à parcourir.

LGBTI et apparence

Enfin, «de nombreuses personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) doivent faire face à une forte discrimination, directe et indirecte, ainsi qu’à la violence et au harcèlement sur le lieu de travail». Les personnes LGBTI qui sont visiblement transgenres, ou qui ont un comportement ou des manières qui ne sont pas en adéquation avec le sexe assigné à la naissance, sont celles qui sont le plus souvent victimes de discrimination.

Le futur de la diversité, qui entend alimenter de nouvelles discussions, propose également d’autres sujets de réflexion tout aussi pertinents : qu’en est-il de la place des femmes dans l’industrie de la construction au Québec, de l’intégration des femmes noires au sein d’organismes féministes québécois ou encore de la diversité liée au vieillissement de la population et à la migration internationale? De quoi élargir les horizons de pensée.


Note

*Enquête réalisée de 2017 à 2018 auprès de 13 000 entreprises réparties dans 70 pays.