«Connais-toi toi-même», disait le philosophe Socrate. Ce précepte bien connu s’applique également au leadership, car ce que nous sommes vient directement teinter notre capacité à influencer et à mener une équipe.

On pourrait résumer le leadership comme la capacité à influer sur son environnement. Or, l’outil par lequel nous exerçons cette influence est… nous-mêmes! C’est pourquoi, au cœur de notre leadership, on retrouve la relation à soi, ce que nous sommes, nos valeurs, nos forces, mais aussi nos faiblesses. Tour d’horizon.

Trouver sa propre recette

La connaissance de qui l’on est cruciale dans l’apprentissage et l’établissement de son leadership, souligne Pénélope Codello, professeure agrégée au Département de management de HEC Montréal et responsable de la formation continue créditée (programmes de certificat et diplômes d’études supérieurs). «Il existe plusieurs types de leaders et il n’y a pas de modèle unique. En ce sens, cela peut déstabiliser ceux qui souhaiteraient qu’on leur fournisse une méthode à suivre et un ‘’prêt à leader’’. Toutefois, il faut absolument déconstruire cette représentation du ‘’bon leader’’, car on peut tous en être un avec nos propres couleurs. En sachant quels sont nos ingrédients, on pourra établir notre propre recette», indique la professeure.

Comment procéder? En prenant conscience de soi, en déterminant quels sont nos points forts, mais aussi nos angles morts. Dans ce travail de découverte, Pénélope Codello établit trois niveaux à explorer. Le premier consiste à se demander qui l’on est, ce qui inclut notamment nos besoins, notre mode de fonctionnement, nos valeurs, etc. Le second nécessite de se pencher sur notre relation à l’autre, par exemple notre façon de communiquer, notre capacité à être empathique : avons-nous la capacité de nous mettre dans les souliers d’une autre personne et à comprendre ses besoins, ses valeurs et son mode de fonctionnement également?

«Le troisième palier consiste à analyser l’environnement et le contexte dans lesquels on évolue. Travaillons-nous dans une grande organisation très bureaucratique ou, au contraire, au sein d’une start-up où les relations sont plus informelles? Cela joue un rôle dans la nature du leadership à exercer, car le contexte implique de s‘adapter à la culture», précise-t-elle.

Ultimement, ce bilan permettra de se découvrir, d’identifier les éléments qui requièrent d’être améliorés et de bâtir sur ses atouts. L’important est de rester authentique et en accord avec soi-même. «Le leadership authentique consiste à respecter ses valeurs et ses besoins, tout en sachant faire preuve de flexibilité. C’est la capacité à gérer ses tensions, c’est-à-dire de savoir qui je suis, mais aussi comment je peux m’adapter», explique Pénélope Codello. «Car au bout du compte, le leadership est une question de relation, car aucun de nos projets ne peut avancer sans les autres. Mais pour faire embarquer les autres, il faut qu’ils y trouvent eux-mêmes du sens, que cela corresponde aussi à leur propre fonctionnement et que cela touche leurs propres valeurs», ajoute-t-elle.

Un regard extérieur

Un tel exercice n’est toutefois pas chose aisée, puisqu’on peut manquer d’impartialité et il est parfois compliqué de vraiment accepter ses angles morts. C’est pourquoi il est généralement conseillé de se faire aider dans cette démarche. «Il est difficile d’y parvenir seul, on a besoin d’un miroir, de quelqu’un qui portera un regard objectif. À cet égard, plusieurs entreprises proposent des programmes de mentorat ou de coaching. Il existe aussi des formations d’un jour. Si ce n’est pas offert, le gestionnaire pourrait également en faire la demande lors de son entretien d’évaluation, par exemple», recommande Pénélope Codello, qui donne d’ailleurs la formation L’essentiel du leadership et le Leadership au féminin : faites une différence à l’École des dirigeants HEC Montréal.

Ce temps de réflexion est nécessaire pour prendre un pas de recul, s’extraire de son quotidien et porter un regard clairvoyant sur ce qui caractérise notre type de leadership. Car c’est en se connaissant mieux qu’au bout du compte, on sera aussi un meilleur leader.