Avec l'arrivée, peut-être un peu tardive, de la belle saison, les occasions de prendre un verre sur la terrasse extérieure ou en ville se multiplieront sans doute! Êtes-vous davantage amateur de bière? Préférez-vous le vin? Votre coeur et votre gosier balancent-ils davantage pour une boisson alcoolisée rafraîchissante, du type cooler?

Ces questions nous amènent à nous interroger sur l'état du marché des boissons alcoolisées au pays, marché dont le portrait a bien changé depuis quelques années. La consommation globale d'alcool au Canada a augmenté de 9,2% entre la période considérée, soit de 2004 à 2013 (dernières données disponibles). Pour l'ensemble du pays en 2013, la bière demeure très populaire, englobant tout près de 75% des quantités d'alcool vendues au pays, suivie du vin (15,5%), des spiritueux (environ 5%) et des boissons rafraîchissantes telles le cidre ou les coolers (environ 4%). Le changement de tendance majeur à noter dans les habitudes de consommation est que les Canadiennes et les Canadiens consomment moins de bière qu'auparavant. De fait, la bière constituait 80% de l'alcool vendu au pays il y a une décennie, une baisse, donc, de 5% par rapport à aujourd'hui. Le grand gagnant est le vin, qui voit son volume de ventes passer de 12% à 15%, alors que celui des boissons rafraîchissantes progresse de 3,3% à 4,2%.


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La question se pose: le Québec est-il une société distincte, en matière de préférences alcoolisées? La réponse est ambiguë à ce chapitre. La hausse quant à la quantité totale d'alcool consommée par les Québécoises et Québécois est moindre que celle du Canada (7,6%), mais demeure essentiellement de même ampleur. On constate la même chute pour la bière entre 2004 et 2013 (de 81,6% à 76,1%), mais un sursaut un peu plus marqué quant au vin, qui passe de 15% à 20% des quantités totales vendues. Le marché de la bière au Québec est évidemment dominé par les trois grands brasseurs, Labatt, Molson Coors et Sleeman qui dominent outrageusement le marché, avec des parts totales de 94%. Toutefois, comme le signale Alain Labelle (lire « La bière, un marché convoité qui s'essouffle », sur le site Internet de Ici Radio-Canada), le nombre de microbrasseries a crû de manière régulière depuis une décennie: elles sont maintenant 127 en territoire québécois. Aussi « micro » soient-elles, ces brasseries artisanales ont quand même inquiété les grands brasseurs, qui n'ont pas tardé à réagir à la menace en produisant, par exemple, des bières de spécialité qui s'apparentent aux produits des microbrasseurs.

Hors du Canada, une autre tendance lourde est également signalée par Philippe Bernes-Lasserre dans La Presse: celle de la croissance importante des ventes de vin chez nos voisins américains (lire « Les États-Unis, premier marché du vin au potentiel "phénoménal" »). De fait, la consommation de vin par les Américains est en hausse constante depuis deux décennies, et celle-ci devrait continuer à croître de plus de 10% d'ici 2018. Et comme le prédit Mel Dick, vice-président de Southern Wine and Spirits of America, premier distributeur de vin au pays de l'Oncle Sam: « Songez que nous consommons 370 millions de caisses, or nous ne buvons que 10 litres (par habitant par an). Si un jour nous buvons autant de vin que les Britanniques, le marché américain représentera 740 millions de caisses. Et si nous buvons comme les Français, il sera de 1,6 milliard de caisses...! ». De belles perspectives de croissance, mais qui devront sans doute s'accompagner d'une bonne dose d'éducation du palais également!