Article publié en juin 2015

Nous en parlions lors de notre série de reportages à C2MTL, à la fin mai dernier. En effet, le prophète numérique David Sheng avait prédit que l'attention des internautes deviendrait, en quelque sorte, le prochain eldorado des entreprises et que celles qui sauraient capter l'attention de ces derniers se démarqueraient de leurs concurrents (lire notre article « C2MTL happé par l'ouragan David! »). Car de nombreuses études le confirment, le temps d'attention diminue drastiquement depuis l'arrivée de la quincaillerie électronique que nous traînons constamment sur nous.

Temps d'attention : une denrée de plus en plus rare

Comme le signale Microsoft Canada dans un rapport intitulé « Attention Span », le temps d'attention moyen d'une personne était de douze secondes en 2000. Treize années plus tard, ce même temps d'attention était évalué à huit secondes. À la blague, mais scientifiquement établi, Microsoft Canada signale que le temps d'attention d'un poisson rouge est, quant à lui, de neuf secondes... Faut-il pour autant en rire ?

Quoi qu'il en soit, la même étude signale que les facteurs qui ont le plus d'influence sur le niveau d'attention des individus aujourd'hui sont la consommation médiatique, l'utilisation des médias sociaux, le taux d'adoption de la technologie, ainsi que la présence et l'utilisation de plusieurs écrans. Cela dit, la question demeure de savoir comment nos entreprises et organisations seront en mesure de composer avec ce fait générationnel. Doivent-elles s'adapter à la chose ? Ou au contraire, devraient-elle « forcer » d'une manière ou d'une autre l'attention des employés concernés par cette lacune, essentiellement les membres de la génération Y (Millenials) ?

S'adapter, une réponse à cette problématique

Sans pouvoir répondre définitivement à cette interrogation cruciale, certaines expériences sont en cours. L'une de celles-ci nous est rapportée par Kevin Clark, journaliste au Wall Street Journal (lire son article «The NFL Team That Is Solving Millennials »). Celui-ci relate en effet le cas des 49ers de San Fransisco, l'une des équipes mythiques de la National Football League (NFL), qui est en voie de créer une petite commotion dans le monde très conservateur du sport professionnel.


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À la veille de l'ouverture du camp d'entraînement en vue de la prochaine saison qui débutera en septembre prochain, le nouvel entraîneur de l'équipe, Jim Tomsula, a plutôt décidé de « surfer sur la vague » et d'admettre le fait établi. L'état-major des Niners a donc consulté des experts universitaires sur le sujet, et décidé d'adapter la forme des entraînements afin de mieux répondre aux caractéristiques cognitives de leurs joueurs: « That means making concessions for people with shorter attention spans, a desire to multitask and, yes, a need to check their phones all the time », précise Kevin Clark.

Dans les faits, l'entraîneur Tomsula a donc pris sur lui de sectionner les rencontres d'équipe, qui pouvaient s'échelonner sur deux heures, en blocs de 30 minutes, entrecoupés d'une période de dix minutes afin que les athlètes puissent avoir leur dose de téléphone intelligent et de médias sociaux! Autre innovation dans le vestiaire des 49ers : toutes les informations logistiques (calendriers, horaires des entraînements, etc.) sont désormais transmises par texto, ce qui constitue sans conteste la manière la plus rapide et la plus efficace de transmettre une information auprès de ces Y. Les joueurs des Niners ont également désormais accès au livre de jeu (playbook) de l'équipe de manière virtuelle, avec clips vidéo à l'appui, ce qui, encore ici, concorde avec l'attrait pour le visuel de cette génération.

Résistance ou adaptation ? Comment votre organisation ou votre entreprise concilie-t-elle performance et temps d'attention de ses employés ?