Décidément, la Fédération internationale de football association (FIFA) aura fait les manchettes ces derniers jours, mais certainement pas pour les bonnes raisons! Les fils de presse ne dérougissent pas: forts soupçons de corruption entourant l'attribution de la Coupe du monde 2018 (Russie) et 2022 (Qatar), puis arrestation d'une série de haute dirigeants de la FIFA par la justice américaine, en lien avec les faits allégués ci-haut, réélection vendredi dernier de Jospeh (Sepp) Blatter à la tête de l'organisation pour un cinquième mandat.

Puis la grande finale: la fracassante démission de Blatter aujourd'hui même, On peine à suivre le feuilleton! Plusieurs s'interrogent sur l'importance revêtue par ces derniers événements, et l'attention qu'on leur accorde. Évidemment, outre les importantes et sérieuses implications morales et éthiques entourant les derniers événements à la FIFA, il faut savoir que le soccer est aussi, et surtout, une histoire de très gros sous. Mais quelle est au juste l'ampleur financière de la planète foot? Préparez-vous pour une longue série de zéros!


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Tout d'abord, un mot sur la nature de l'organisation en question. Créée en 1904 et basée à Zürich (Suisse), la FIFA est une fédération de 209 associations nationales dont la mission est de « Développer le football partout et pour tous », tel que stipulé sur son site Internet. À ce titre, la FIFA a donc la responsabilité, entre autres choses, de faire la promotion du « beau jeu » (c'est le surnom que l'on donne au soccer) à l'échelle planétaire, d'organiser les diverses compétitions d'envergure et de veiller à l'intégrité du sport. Et comment financer ces belles intentions? À l'aide des quelque 5,7 milliards de dollars américains qui ont constitué l'essentiel des revenus de la FIFA pour la période 2011-20141. Pour la seule année 2014, ces mêmes revenus se sont élevés à 2,1 milliards de dollars, soit une hausse de plus de 51% par rapport à l'année précédente, hausse qui peut être partiellement expliquée par la présentation de la Coupe du monde en terre brésilienne l'an dernier.

L'immense part des revenus de la FIFA, soit 90 % des 5,7 milliards de dollars, provient entre autres des droits de diffusion de la Coupe du monde et des autres compétitions sous l'égide de la FIFA (2,5 milliards), de même que des droits commerciaux (1,6 milliards). Quoi qu'il en soit, la FIFA est vigoureuse financièrement parlant! Quant aux dépenses de l'organisation, celles-ci s'élevaient à environ 5,4 milliards de dollars. L'organisation des principales compétitions mobilise 52 % de ces dépenses, les programmes de développement du sport, 20 %, et les dépenses reliées aux opérations de la FIFA, 16 %. Au final, au cours de la période 2011-2014, l'organisation a su dégager un profit de 338 millions de dollars. Fait intéressant, la FIFA s'est constituée, au fil des ans, une réserve substantielle afin de pallier les imprévus. Comme l'indique cette infographie de la BBC (lire « How Fifa makes and spends its money »), celle-ci s'élève à plus d'un milliard et demi de dollars. Avec de tels montants en jeu, doit-on réellement se surprendre des récents dérapages internes à la FIFA? Quoi qu'il en soit, le successeur de Sepp Blatter aura à dribbler serré afin de maintenir et de faire croître les finances de la FIFA, tout en rétablissant la crédibilité de l'organisation!


Note

1. Toutes les données financières sont tirées du document FIFA Financial Report 2014.