Porter attention aux autres pourrait vous rapporter gros, et à tous les points de vue!

Toute notre existence est tournée vers l’'acquisition, plus ou moins réussie, des capacités interpersonnelles telles que la perception et l'’appréciation des émotions (tant pour soi que pour les autres), la régulation et le contrôle de ces dernières, de même que l'’utilisation adéquate des émotions dans la résolution des problèmes auxquels nous sommes confrontés au quotidien. Ces éléments que nous venons d’'énumérer constituent les bases de ce qu’'il est convenu d'’appeler 'l’intelligence émotionnelle, un concept développé et popularisé par le psychologue américain Daniel Goleman.


LIRE AUSSI: L'amélioration continue pour construire l'organisation apprenante


Il n'’est pas trop ardu d'’imaginer à quel point l’,acquisition des capacités et des compétences reliées à l'’intelligence émotionnelle peut constituer un solide atout dans l'’établissement de nos relations personnelles. Mais qu’'en est-il de nos organisations? Dans un monde qui se déploie à pleine vitesse, où la performance prime, et à une époque où l’'établissement de liens virtuels (Facebook, LinkedIn et autres) devient une composante quasi incontournable de nos existences, l'’intelligence émotionnelle a-t-elle une place réelle et efficace dans nos milieux de travail? La question se pose, mais la réponse est sans doute plus difficile à obtenir...

…Une étude publiée dans le Journal of Organizational Behavior en novembre 2014 nous en apprend toutefois davantage sur le sujet. Dans son article intitulé « It pays to have an eye for emotions: Emotion recognition ability indirectly predicts annual income », le professeur Tassilo Momm signale que l'’habileté à reconnaître les émotions, l'’une des composantes fondamentales de l'’intelligence émotionnelle, peut générer des gains appréciables et significatifs pour ceux qui sont en mesure de bien maîtriser cette capacité. Les résultats de l'’étude du professeur Momm, menée auprès de 142 candidats allemands dont la moyenne d'’âge était de 38 ans et l'’expérience en organisation s’'élevait à 16 années, a démontré que : 

  • Les individus possédant une bonne habileté à reconnaître les émotions sont reconnus par leurs pairs comme étant aussi plus aptes à maîtriser les habiletés politiques; 
  • Ils sont également reconnus par leurs supérieurs comme faisant preuve d’'un plus grand degré de facilitation interpersonnelle; 
  • Finalement, la possession de l'’habileté à reconnaître les émotions, à laquelle s’'ajoute la présence chez l’'individu de bonnes habiletés politiques et d'’un bon niveau de facilitation personnelle, influe positivement sur le salaire.

Somme toute, cette étude démontre qu’une plus grande sensibilité à ses propres émotions, de même qu’aux émotions des autres, peut contribuer à accroître la performance de l'’individu dans son milieu de travail et, ce qui n’'est pas négligeable aussi, sa rémunération.

Cheminer sur la voie de l'’intelligence émotionnelle n'’est certes pas aisé. Cela demande une bonne dose d’'humilité, de courage, et cette capacité, plus ou moins présente, à la fois de « plonger » en soi-même et de s’'ouvrir aux autres. Mais c’'est une voie qui ne peut que bénéficier aux entreprises qui l’'empruntent et, surtout, aux individus qui s’,y engagent. Car, comme le signale la professeur Estelle Morin (HEC Montréal) : « L'’intelligence « du coeœur » s’avère donc aussi importante que l’'intelligence « de la tête », car la maîtrise personnelle qu'’elle rend possible permet à la personne d’'avoir le courage d’'affronter les difficultés de la vie, de les surmonter et de développer son caractère tout en respectant son entourage. » À méditer!