Le Brésil, jadis étoile montante des économies émergentes, connaît à l'heure actuelle son lot de difficultés sociales, économiques et politiques qui remettent en cause les fragiles acquis des dernières décennies. Le « B» du BRIC (les autres pays de ce groupe informel étant l'Inde, la Russie et la Chine) semble en effet replonger dans la tourmente, une situation qui ne va pas sans inquiéter les observateurs intéressés d'une part, mais surtout les onze pays du continent sud-américain.

C'est que l'économie brésilienne contribue à près de 56 % du produit intérieur brut total de l'Amérique du Sud. Autant dire que quand le géant brésilien prend froid, c'est tout le continent qui s'enrhume! Pourtant, en apparence, tout portait à croire que la nation brésilienne était en voie de prendre sa place au sein des grandes économies développées. Bien que fortement teintée de controverse, la tenue de la Coupe du monde de football (2014) et des Jeux olympiques (en août 2016) en sol brésilien, par exemple, pouvait laisser croire que le pays avait, financièrement parlant, les reins assez solides pour figurer au palmarès des grandes économies. Vaine illusion, semble-t-il! Le Brésil serait-il, comme le titre d'un récent article de The Economist l'affirme, « Irredeemable? » (incorrigible). De fait, le Brésil doit lutter contre ses vieux démons et également contre les effets d'une politique économique trop axée sur les matières premières, avec les douloureuses conséquences que l'on connaît aujourd'hui. Relatons ici brièvement les problèmes auxquels la nation doit faire face.


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  • Passons rapidement outre les sempiternels problèmes d'éthique, et signalons simplement que la présidente Dilma Rousseff et les membres des partis de sa coalition gouvernementale naviguent à l'heure actuelle en eaux troubles, alors que de forts soupçons de corruption flottent au-dessus de leurs têtes au Congrès. Rien pour relancer la confiance des investisseurs;
  • Tel que le signale l'article ci-haut cité, la performance de l'économie du Brésil est fortement dépendante du prix des matières premières, notamment le pétrole, le minerai de fer et le soya. La chute des prix de ces matières premières au cours des dernières années a évidemment frappé de plein fouet l'économie du pays, déjà plombée par la faible productivité de ses entreprises et de ses industries;
  • La Constitution fédérale de 1988, qui visait à mettre en place les bases d'un régime démocratique après les années de la dictature militaire (1964-1985), a cherché à protéger le pouvoir d'achat des Brésiliennes et des Brésiliens en enchâssant une série de mesures qui, aujourd'hui, font exploser les dépenses publiques. Ainsi, la semaine de travail (44 heures) et l'âge de la retraite (65 pour les hommes, 60 ans pour les femmes) sont constitutionnellement garantis et protégés. La situation est telle que 90 % des dépenses de l'État sont ainsi « encadrées » par la Constitution ou les diverses législations actuellement en place;
  • Moins de revenus, et une latitude quasi inexistante au chapitre des dépenses (et ajoutons à cela les montants colossaux alloués au party de la Coupe du monde et des Olympiques d'été) : tous les ingrédients sont réunis pour que l'État fédéral s'engage dans la voie des déficits budgétaires, une situation effective depuis 2013, et une première depuis 1998.

Une telle situation, désolante en soi, pourrait devenir encore plus critique si l'inflation se met de la partie. Le Crédit Suisse prévoit en effet que les prix, dans un tel contexte économique, pourraient gonfler de 15 % et davantage en 2017 si rien n'est fait rapidement pour remédier aux maux les plus urgents. Dans un pays où les inégalités sociales sont criantes, on devine aisément qui risque encore de payer la note...