Propos recueillis par Eléonore Genolhac, édimestre et rédactrice web de Gestion

Les images des installations sportives laissées à l’abandon au Brésil moins de six mois après la tenue des Jeux olympiques de 2016, comme celles d’Athènes 12 ans plus tôt, ont fait couler beaucoup d’encre. Des analystes se demandent d’ailleurs si les JO n’auraient pas envenimé les crises économiques qui ont secoué ces deux pays.

L’organisation des Jeux coûte cher, très cher. En général, les villes hôtes doivent faire face à un dépassement des coûts prévus de l’ordre de 175 %. Montréal, lors des Jeux de 1976, avait remporté la médaille d’or à ce chapitre avec un éclatement du budget de plus de 800 %! Mais alors, est-ce à dire que plus aucune ville ne devrait jamais accueillir les JO ? Voyons voir.

On avance souvent la stimulation de l’économie, de l’emploi et du tourisme pour justifier la tenue des Jeux. Pourtant, cet argument ne tient pas la route. On assiste plutôt à un effet temporaire sur la création d’emploi, l’économie ne connaît au mieux qu’une embellie passagère et beaucoup de touristes boudent les pays hôtes devant le risque d’explosion des prix et de déferlement de marées humaines. Ainsi, pendant les Jeux de Beijing, en 2008, le taux d’occupation des hôtels de la ville a subi une baisse de 39 %.

Selon moi, les aspects bénéfiques des Jeux olympiques ne sont pas de nature économique ni financière. L’effet feel good des JO en est un exemple. Dans un sondage réalisé en Angleterre lors des Jeux de Londres, en 2012, 80 % des répondants se sont dits fiers d’être anglais. Il faut également souligner la forte corrélation entre les Jeux olympiques et la pratique du sport par la population en général.

Les scandales qui ont éclaboussé le CIO, les dépenses pharaoniques occasionnées par l’organisation des Jeux et les refus de plusieurs grandes villes de les accueillir ne doivent pas nous inciter à jeter le bébé avec l’eau du bain. Un nouveau processus de candidature doit sans contredit être conçu et instauré. Et les Jeux de Salt Lake City, d’Atlanta ou de Vancouver sont des exemples à suivre en matière de Jeux olympiques plus modestes mais mieux intégrés à leur environnement.

Article publié dans l'édition été 2018 de Gestion