Propos recueillis par Eléonore Genolhac, édimestre et rédactrice web de Gestion

Les 14 et 15 mars 2017, une tempête de neige s’est abattue sur Montréal, laissant derrière elle des accumulations de 45 centimètres. Sur l’autoroute 13 s’est alors déclenchée une crise qui, une fois de plus, nous a rappelé la faillibilité humaine. En effet, les crises sont presque toujours attribuables à des gaffes ou à des négligences, et les événements survenus cette nuit-là n’ont pas dérogé à cette règle.

L’erreur de jugement d’une personne et sa mauvaise lecture de la situation ont fait en sorte qu’on n’a pas tiré les signaux d’alarme appropriés et que le système a capoté. Alors que les circonstances exigeaient que les responsables s’activent rapidement, il a fallu près de 12 heures pour qu’on se porte au secours des automobilistes coincés dans leurs voitures.

Le lendemain, le gouvernement de Philippe Couillard a été sur la défensive, se dédouanant de toute responsabilité. Certes, le premier ministre a présenté ses excuses à la population – et heureusement d’ailleurs ! –, mais elles auraient dues être accompagnées de gestes concrets. En politique, les crises constituent des moments privilégiés pour renforcer son pouvoir, et le gouvernement aurait pu profiter de la situation pour démontrer son leadership. Philippe Couillard aurait dû rappeler que la sécurité civile du Québec est une des meilleures au monde, à tel point qu’elle suscite l’envie, notamment en Russie et en Europe. La solution résidait dans la création d’un système de cellules de crise destinées à réduire les effets d’une erreur humaine. En se mobilisant plus concrètement, il aurait également dû rappeler que le risque nul n’existe pas.

En lieu et place de cela, le premier ministre Couillard a institué une enquête externe pour faire la lumière sur toute cette histoire. Il s’est ainsi privé d’une occasion en or d’améliorer le système de gestion des crises au Québec. Une enquête représente toujours de longs mois de travail et les gens ont tendance à oublier. Alors, pour donner l’impression d’avoir agi, on a démis quelques personnes de leurs fonctions, notamment la sous-ministre responsable de la sécurité civile et de la coordination des mesures d’urgence.

Article publié dans l’édition été 2018 de Gestion