Propos recueillis par Eléonore Genolhac, édimestre et rédactrice web de Gestion

Les choses avaient pourtant bien commencé : la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, allait faire connaître ses propositions pour un Canada créatif. Refonte des lois sur la radiodiffusion et sur le droit d’auteur, soutien financier au Fonds des médias du Canada : autant de mesures susceptibles de répondre aux vœux du monde de la culture, ce qui démontrait la volonté des libéraux fédéraux de continuer à investir dans le domaine culturel.

Lors de la présentation du cadre stratégique, une des mesures proposées a éclipsé toutes les autres : une entente avec Netflix en vertu de laquelle le géant américain pouvait continuer à ne pas percevoir les taxes de vente au Canada. On a ainsi mélangé deux dossiers en intégrant une « mesure fiscale » à cette politique culturelle.  Or, il s’agit d’une erreur fondamentale. Je doute que quiconque puisse citer de mémoire une seule autre mesure prévue par ce Canada créatif : elles ont toutes été occultées par l’affaire Netflix.

De toute évidence, la ministre Joly n’était pas prête à assumer les conséquences de cette confusion des genres ni, surtout, à défendre l'absence d'une réforme fiscale pour les grands joueurs mondiaux. Son image s’en est trouvée profondément écorchée. L’exercice de patinage qui s’en est suivi lui a valu plusieurs commentaires acerbes. On se rappelle fort bien l’agacement qu’elle a suscité lors de ses passages dans les médias québécois, notamment au micro de Paul Arcand et à l’émission Tout le monde en parle. Mélanie Joly récupérera-t-elle un jour son capital de sympathie ? Peut-être bien : ses dernières interventions publiques démontrent qu’elle a appris de ses erreurs.

Article publié dans l’édition été 2018 de Gestion