Qui a dit que l'innovation devait être menée derrière des portes closes? De plus en plus d'entreprises et d'organisations remettent en question ce paradigme et, au contraire, ouvrent, et même publicisent, leurs processus d'innovation.

Le géant de l'informatique IBM l'a fait, avec grand succès d'ailleurs, avec son InnovationJam, une initiative où des participants du monde entier sont invités à chaque année, et ce durant 72 heures, à réfléchir et à soumettre des propositions sur une problématique soumise par l'entreprise. Chez nous, le Mouvement Desjardins a aussi sauté dans le train de l'innovation dite « ouverte » en lançant en décembre dernier le Desjardins Lab, un espace entièrement consacré à l'innovation technologique. Comme l'explique Monique Leroux, la présidente du conseil et la chef de la direction sortante, la chose allait de soi et était devenue même un must pour une organisation telle que Desjardins. Oeuvrant toutefois dans le domaine bancaire, Desjardins n'avait pas l'ensemble des compétences et des qualifications requises pour mener à bien et à terme les projets d'innovation qui se présentent à la coopérative. « On ne peut pas avoir toutes les idées. Un peu comme un jardinier dans son jardin, il faut se demander : "Quelles sont les conditions que l'on place dans notre environnement pour faire en sorte de donner la possibilité à nos employés et à nos gestionnaires de faire pousser de nouvelles fleurs, d'amener de nouvelles idées?" et donner l'énergie qui va permettre à ces idées-là de grandir », précise Madame Leroux.


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Ouvert sur ses membres, ouvert sur le monde

Ces conditions auront donc été concrétisées dans le Desjardins Lab, un espace ouvert, accessible et connecté, situé au pied de la tour sud du Complexe Desjardins, le QG montréalais du mouvement coopératif. Ce laboratoire est d'abord destiné aux employés, aux membres et aux clients de l'organisation. Mais Desjardins, gardant toujours l'ouverture comme leitmotiv, s'est adjoint dans ses efforts le concours d'InnoCitéMTL, un programme d'accélérateur d'entreprises versé dans le domaine de la ville intelligente, et de Hacking Health, une communauté vouée à l'amélioration du système de santé par l'entre de ses célèbres hackathons (lire notre article « Les nouvelles approches d'innovation collaborative : un guide pour le changement »). Ce faisant, le Desjardins Lab contribue également à renforcer un tant soit peu la réputation de Montréal comme pôle numérique d'importance, réputation qui grandit et s'affermit de jour en jour.

Que peut le Desjardins Lab?

Concrètement, une personne voudrait développer une application qui, par exemple, permettrait de contrôler l'alimentation en eau de sa résidence. Voilà une idée qui semble très éloignée du domaine bancaire, mais qui intéressera sûrement celui de l'assurance-habitation, dont Desjardins est l'un des joueurs importants au Québec. Ce développeur pourrait donc contacter le Desjardins Lab afin de travailler au développement de la chose. Si le projet semble prometteur et possède un certain potentiel, le Desjardins Lab ouvrira dès lors ses portes à l'entrepreneur en question. De l'idéation au lancement, en passant par l'étape intermédiaire du prototype, le laboratoire sera en mesure d'appuyer le développeur grâce à ses ressources en formation, en mentorat et, cela va de soi, en financement, le tout à l'intérieur d'un mois. Véritable agora pour ceux qui s'intéressent à l'innovation, le lab propose également une série de rendez-vous où sont abordés et discutés une foule de sujets en lien avec cette thématique. Innover, comme l'incarne si bien le Mouvement Desjardins avec son laboratoire, c'est mettre en place les conditions pour que les idées puissent éclore. Et c'est aussi reconnaître que les idées mêmes les plus lointaines à son domaine peuvent receler un potentiel pour un futur plus ou moins éloigné. Belle initiative!