Qui n'a pas sursauté en constatant les frais exigés par nos institutions bancaires pour certaines de nos transactions les plus banales et les plus courantes? Et il faudra s'attendre à de nouvelles hausses de ces mêmes frais, nous apprenait récemment l'agence QMI...

La problématique des frais bancaires à la hausse constitue certes un irritant pour bon nombre d’adhérents qui possèdent un compte dans l'une de nos banques à charte ou même chez le mouvement coopératif Desjardins. Évidemment, on aura deviné que sur cette question, deux écoles s'affrontent.


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Par ailleurs, certains observateurs, tels Daniel Thouin, président du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), y voient un non-sens: 

« À partir du moment où les frais représentent plus de 40 % des profits des institutions financières, augmenter les frais est un gain immédiat pour eux. Et cela ne coûte rien aux banques. Cela ne leur demande pas d'effort, cela ne leur demande pas de repositionner leur main-d'œuvre ou leur salaire. C’est encore le consommateur qui va être pénalisé. Même les changements technologiques, comme le dépôt d'un chèque grâce à une photo, ne peuvent expliquer ces hausses. Si le chèque est envoyé par courrier électronique, ils n'ont pas à le manipuler physiquement. Tout ce qu'ils font, c'est d'économiser sur notre dos », souligne Daniel Thouin.

À l'opposé, l'Association des banquiers canadiens voudrait que l'on mette davantage l'accent sur le fait que trois-quarts des Canadiennes et des Canadiens ne paient pas, ou paient un montant minime, de frais bancaires. De fait, l'Association tient à souligner que 27 % des consommateurs canadiens déclarent ne payer aucuns frais bancaires et que 48 % des consommateurs ne paient qu'entre 1 $ et 15 $ en frais de service.


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Existe-t-il des solutions afin de soulager les consommateurs de ces frais? Très certainement! Tel que rapporté par le journal Les Affaires, 62 % des Québécois font affaire avec la même banque depuis plus de 15 ans! Si vous êtes tenté par un changement d'air bancaire, certaines précautions et dispositions sont à prendre, toujours selon Les Affaires (lire Didier Bert, « Changer de banque pour le meilleur... sans le pire »). Et qui sait? Peut-être verra-t-on apparaître en terre d'Amérique l'équivalent français du Compte-Nickel, le premier « compte sans banque », comme le rapportait le quotidien Le Monde? Ce produit particulier donne dans l’économie de moyens, tel qu'indiqué dans son site internet: « Tout simple pour payer et être payé, faire des virements ou prélèvements et déposer du cash, sans découvert possible ni chéquier. Ouvert en 5 minutes chez un buraliste agréé. » Services minimaux, mais frais de service minimaux également, puisque Compte-Nickel garantit une moyenne annuelle de frais de service de 35 €. D'ici là, la relation douce-amère que nous entretenons avec nos banques perdurera.

Certes, nous voulons des institutions bancaires solides et profitables. Mais peut-être souhaitons-nous également des banques davantage ouvertes, innovantes et dynamiques (lire l'article de Soumaya Ben Letaifa et de Michèle Paulin, « Et si les banques agissaient comme catalyseur de l'innovation sociale et levier de développement des PME? »), désireuses de créer de la richesse autrement qu'en puisant, en partie, dans les poches de leurs adhérents! Qu'en pensez-vous?