Article publié dans l'édition été 2015 de Gestion

C’est ce que propose Thomas H. Davenport dans son article publié en juin 2014 dans la MIT Sloan Management Review

L’analytique sportive a pris de l’ampleur lorsqu’en 2002, grâce à cette dernière, les Athletics d’Oakville ont remporté 20 victoires consécutives avec un budget largement inférieur à celui des autres équipes. Par la mise en relief de cinq principes de base, Davenport propose de transposer ce modèle chez les entreprises afin de les aider à obtenir de meilleures performances.


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1. Davenport commence par l’harmonisation décisionnelle. Dans le monde du sport, les décisions clés (joueurs à acquérir, salaire à offrir, etc.) doivent être prises en concertation avec plusieurs intervenants, dont les spécialistes d’analytique, pour un fonctionnement optimal de l’équipe. En entreprise, la direction générale et les cadres intermédiaires devraient collaborer avec des spécialistes d’analytique pour prendre et appliquer les décisions, mais cela n’est malheureusement pas très fréquent.

2. Le deuxième principe, la dimension humaine, est déjà intégré dans la mentalité des équipes. Elles ont bien compris que leurs joueurs sont à la fois leur plus importante et leur plus dispendieuse ressource, ce que les entreprises ont du mal à admettre ou, du moins, à mettre en œuvre. Les équipes évaluent les joueurs à l’aide de données quantitatives très individualisées, et des données contextuelles ont également fait leur apparition ; il s’agit de voir si un joueur, outre ses performances personnelles, favorise la performance de l’équipe par sa seule présence au jeu. Ce genre d’information peut s’avérer extrêmement pertinent en gestion de personnel.

3. Troisièmement, Davenport parle de l’importance des données de géolocalisation et de la vidéo. Grâce aux caméras dont sont désormais dotés tous les stades de la Major League Baseball (MLB), les Yankees de New York ont acquis Brian McCann, receveur des Braves d’Atlanta, car en analysant ses balles, ils ont pu déterminer qu’elles auraient été des coups de circuit sur leur terrain. Tracer les déplacements des employés d’entreprises de transport ou filmer les files d’attente dans les magasins sont des outils d’optimisation du service très importants. Le potentiel de la vidéo pour l’étude d’impact de publicités est également immense.

4. L’auteur souligne ensuite l’importance de récolter plus de données : la collaboration avec des fournisseurs de données externes peut certainement y contribuer. Les données récoltées par les caméras des stades de la MLB sur les joueurs d’équipes en visite peuvent être grandement utiles dans I l’élaboration de diverses stratégies. Des partenariats interentreprises d’échange de données peuvent aussi être extrêmement profitables pour toutes les parties impliquées. Plus le volume est important, plus les paramètres d’analyse peuvent être pointus.

5. Davenport termine par la démocratisation de l’analytique chez les « amateurs ». Bon nombre de joueurs s’étant beaucoup améliorés en analysant eux-mêmes leurs données, les gestionnaires et les professionnels d’entreprises pourraient eux aussi, par des programmes d’évaluation selon des critères précis, mesurer et suivre leur performance, et même stimuler leur motivation.

L’analytique sportive pourrait bien s’avérer salutaire pour le monde des affaires. G. B.


Référence

  • Davenport, T.H. (2014), « What businesses can learn from sports analytics », MIT Sloan Management Review, juin, p.10-13.