Comment se portent les organisations postales à l'ère du courriel et du commerce électronique?

Peut-être vous demandez-vous si la poste traditionnelle a toujours sa raison d'être, au sein d'un monde où les communications se font très largement sur le mode numérique. Les actuelles négociations, au demeurant ardues, entre Postes Canada et ses employés syndiqués nous rappellent les immenses défis transformationnels auxquels sont confrontées les organisations postales du monde entier devant les changements technologiques en cours. Comment ces dernières se tirent-elles d'affaire dans ce contexte précis?

Un étonnant constat

De manière générale, ces organisations postales s'en tirent passablement bien, doit-on préciser d'emblée. Prenons le cas précis de Postes Canada. La société de la Couronne, tel que signalé dans son rapport annuel 2015, affiche des revenus de huit milliards de dollars, soit une hausse infime de 0,3 %, en se référant à 2014. La bonne nouvelle provient surtout des résultats nets de l'organisation, positifs depuis deux années (198 millions pour 2014, 99 millions pour 2015). C'est une nette amélioration par rapport aux années 2011 à 2013, alors que Postes Canada naviguait dans le négatif à cet égard.

Force est de reconnaître que Postes Canada a su relever de belle manière cette transition vers le numérique. Comme l'indique le rapport annuel de l'organisation, le volume total d'articles livrés est en chute constante, celui-ci ayant décliné de près de 12 % depuis 2011. La perte est particulièrement importante pour le courrier dit « transactionnel » (lettres, factures et relevés divers) : 239 millions d'articles en moins (6,1 %) par rapport à 2014. Toutefois, et reflétant de ce fait la tendance lourde du e-commerce, 16 millions de colis supplémentaires ont été livrés l'an dernier, toujours par rapport à 2014, soit une hausse de 9,7 %. La relative bonne santé financière de l'organisation témoigne donc d'une adaptation relativement réussie aux échanges du troisième millénaire.

Et de par le vaste monde...

Revenus posteLes autres services postaux d'importance dans le monde ont-il eu la même chance ou la même sagesse avec cette périlleuse transition? De manière générale, on peut répondre par l'affirmative! Si l'on considère les services postaux des pays du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), cinq organisations postales sur sept ont vu leurs revenus croître, ou presque, en 2015. Tout cela, une fois de plus, dans un contexte où le volume d'articles traités et livrés est en chute importante partout.

À cet égard, donc, les services postaux des pays du G7 sont en phase avec les tendances lourdes du secteur postal. D'après les données de l'Union postale universelle, l'agence onusienne en charge de coordonner les services postaux à l'échelle internationale, les recettes des 192 services postaux des pays membres se sont élevées à 330 milliards de dollars américains pour l'année 2014, soit une hausse de 2 % par rapport à 2013. RecettesQuant au volume postal global, il atteignait 327,4 milliards d'envois en 2014. Il s'agit d'une perte de 2,6 %, mais il faut noter que le poids total de ces milliards de lettres et de colis à la poste s'est accru de 31 %. Bref, moins de lettres, mais davantage de colis, transitent désormais par les services postaux, ce que confirme par ailleurs le graphique ci-contre.

Un autre ajustement à venir?

Force est donc de reconnaître que les services postaux ont à ce jour tenu le cap devant la déferlante numérique qui s'abat sur nos sociétés industrialisées. Reste à voir comment ces derniers feront face à la prochaine tempête qui se pointe à l'horizon, à savoir celle menée de front par les géants de la grande distribution (les Amazon, Alibaba et autres entreprises du même acabit) qui, par l'entremise de drones, chercheront dans un avenir déjà tout proche à réduire leurs frais de transport. Histoire à suivre...


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