Nous vivons dans un monde «organisé» à l’extrême, depuis notre naissance à l’hôpital jusqu’à notre cérémonie funéraire. «Entre-temps, nous sommes éduqués, employés, divertis et exaspérés par des organisations», souligne le professeur émérite Henry Mintzberg. Pour autant, que comprenons-nous vraiment de leur fonctionnement? Analyse et synthèse.

Dans un premier temps, qu’est-ce qu’une organisation? L’auteur la définit comme «une action collective structurée autour de la poursuite d’une mission commune». L’image qui se présente à l’esprit lorsqu’on parle d’organisation est bien souvent celle d’un «organigramme». Pour aller plus loin, l’auteur décrypte dans cet ouvrage les sept forces qui façonnent les organisations, interreliées au sein de sept grandes formes. Et s’il était possible de concevoir de meilleures organisations, que faudrait-il changer?

Comprendre les organisations... Enfin!

Mintzberg, H., Comprendre les organisations... enfin!, Montréal, Éditions de l’Homme, 2023, 320 pages.

Des acteurs et des liens

Chaque grande organisation a ses acteurs et ses rôles, telles les parties d’un corps : les opérateurs, le personnel de soutien, les analystes, les gestionnaires, le chef. Autour d’eux gravitent les propriétaires, les communautés, les sympathisants, les syndicats, les partenaires et les groupes d’intérêt; autant d’influenceurs externes qui peuvent façonner le comportement organisationnel de l’extérieur. Le chercheur répertorie aussi tous les liens qui unissent ces parties, comme les chaînes, les plaques tournantes, les réseaux et les ensembles. Dans une organisation en chaîne par exemple, le travail s’écoule dans une séquence linéaire. Lorsqu’on parle de plaque tournante, on évoque davantage un centre de convergence ou un pôle d’activité. L’auteur précise par ailleurs que «les toiles, ou les réseaux, désignent des mouvements libres de personnes, d’informations et/ou de matériaux, sans séquence ni centre fixe». Finalement, dans les ensembles, les parties sont plutôt appelées à travailler de façon autonome.

Des forces et des formes

Henry Mintzberg présente les forces singulières qui animent toutes les organisations : l’efficacité, la compétence, la consolidation, la collaboration, la culture, la division et les conflits. Ces forces s’articulent à travers sept grandes formes, qui vont de l’entreprise personnelle à l’assemblée professionnelle en passant par la machine programmée ou l’organisme communautaire.

Des améliorations possibles

«Tôt ou tard, toute organisation doit s’attendre à l’inattendu, si stable que soit sa structure», affirme l’auteur. Certes, le changement est nécessaire, mais est-il réellement possible de faire évoluer une organisation? La machine programmée peut sans doute résister davantage au besoin de renouvellement. Pour toutes les autres formes d’organisations, des stratégies existent pour se transformer. L’auteur cite une foule d’exemples : l’élargissement des tâches peut augmenter la polyvalence des employés au sein du noyau opérationnel; le travail d’équipe est en mesure d’encourager l’innovation collaborative; l’introduction d’un nouveau chef peut permettre d’effectuer de façon temporaire un redressement…

Et si les organisations pouvaient véritablement «prendre le large», s’organiser à l’extérieur du cadre pour décloisonner leur univers et élargir leurs frontières? Et si l’entreprise du futur était une «anti-institution» libérée des orthodoxies du monde des organisations? Le professeur appelle à des structures émergentes, apprises plutôt que planifiées, pour ouvrir la voie.

Article publié dans l’édition Automne 2023 de Gestion