On pouvait se douter de la relation existante entre les deux éléments. Mais c’est le Fonds monétaire international (FMI), dont la tête dirigeante est une femme, la Française Christine Lagarde, qui l’a confirmé dans un rapport publié en février 2015. Ce rapport, intitulé Fair Play: More Equal Laws Boost Female Labor Force Participation, démontre par a + b qu’un plus grand accès des femmes au monde du travail se traduit par une plus grande croissance économique.


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À l’inverse, nombre d’études scientifiques ont démontré que la présence d’un écart significatif entre les sexes (gender gap) quant à l’accès au marché du travail, à l’activité entrepreneuriale et à l’éducation, évidemment au détriment des femmes, peut ralentir cette même croissance. Cette équation, dont la preuve n’est plus à faire dans les économies développées, ne trouve toutefois pas de solution satisfaisante dans certaines autres économies, où des restrictions de tout acabit empêchent les femmes d’accéder au marché du travail et, comme nous le mentionnions, de contribuer à l’essor des économies à l’intérieur desquelles elles souhaiteraient sans doute travailler. À cet égard, le rapport du FMI montre du doigt certaines régions du globe, plus précisément le Moyen-Orient, le Maghreb, l’Afrique sub-saharienne et l’Asie du Sud-Est, où ces restrictions sont les plus fortes et leurs impacts sur la croissance potentielle du PIB les plus significatifs.

Comment, dès lors, peut-on envisager de corriger le tir? Le FMI identifie deux axes d’interventions, à savoir l’évolution, voire même la réforme, du système légal des pays en queue de peloton, de même que la mise en place de politiques gouvernementales favorisant l’accès des femmes au marché du travail. Plus concrètement, il est suggéré aux économies concernées…

  • De mettre sur pied des crédits d’impôts pour les travailleurs à faible revenus, souvent des femmes;
  • De permettre un meilleur accès à des services de garde de qualité et à faible coût. Une étude a d’ailleurs démontré qu’une réduction de moitié du coût des frais de garde se traduit par un afflux supplémentaire de travailleuses pouvant aller jusqu’à 10 %;
  • De travailler à une plus grande équité envers les femmes sur une foule d’aspects juridiques de la vie publique, à savoir le droit de propriété, le droit pour les femmes d’hériter à part égale avec les hommes, le droit d’accéder à un emploi, d’ouvrir un compte bancaire, d’entreprendre seule des procédures judiciaires ou de contracter, par exemple.

La chose est possible, et bénéfique. Le FMI prend pour exemple des pays tels le Malawi, le Pérou, la Namibie ou le Kenya qui ont, au cours des deux dernières décennies, réformé leurs systèmes juridiques afin de permettre à leurs populations féminines respectives d’accéder au marché du travail. Dans ces cas précis, les pays susmentionnés ont vu la population active féminine bondir de l’ordre de 10 % à 15 % dans les dix années suivant les réformes. Ce sont là des actions qui nous apparaissent, à nous Occidentaux, incontournables, mais qui se heurtent souvent à de solides obstacles culturels et à des siècles de traditions bien enracinées. Mais ces actions pourraient tout aussi bien signaler le début d’un décollage économique d’ampleur pour ces pays…