Diagnostic publié dans l'édition automne 2018 de Gestion

Pour contrer l’oubli provoqué par la succession ininterrompue des nouvelles quotidiennes, Gestion décortique les enjeux qui se cachent derrière les grands titres.

En décembre 2017, Le Journal de Montréal révélait que plus de 2 000 réparations avaient dû être effectuées sur certaines pièces du nouveau pont Champlain, notamment sur des poutres-caissons produites par l’entreprise espagnole Tecade. La construction d’un pont est une aventure extraordinaire. L’ensemble de sa conception – tant les éléments qui le composent que les efforts logistiques à déployer – est unique. Il faut bien saisir cette singularité pour évaluer correctement les décisions prises dans le contexte d’un tel projet, car on doit dans chaque cas produire des pièces sur mesure destinées à un pont bien précis.


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La réception et l’entreposage de ces pièces hors normes requièrent une infrastructure logistique particulière, raison pour laquelle elles sont livrées à la dernière minute. Et c’est pour la même raison qu’il est inimaginable de les réexpédier en Espagne afin de les faire modifier : les coûts seraient exorbitants. Il est beaucoup plus simple et beaucoup moins coûteux de réusiner les pièces sur place. D’ailleurs, une des principales qualités des ingénieurs civils est leur grande capacité d’adaptation.

La communication entre le consortium Signature sur le Saint-Laurent, responsable du projet, et ses fournisseurs constitue un autre enjeu d’importance. Le nombre et la dimension internationale des parties prenantes contribuent à accroître la complexité de la chaîne logistique.

À l’ensemble de ces enjeux s’ajoute l’impératif du respect des échéanciers. Le gouvernement fédéral impose un rythme très soutenu, car il est hors de question que le nouveau pont Champlain soit livré après l’échéance prévue de décembre 2018. Lorsque le pont sera ouvert au public, le consortium Signature sur le Saint-Laurent cherchera à déterminer qui est responsable en ce qui concerne les pièces défectueuses et, par conséquent, qui devra assumer les coûts. Mais pour le moment, ce qui importe avant tout, c’est le respect des délais.