Comment pourrons-nous collectivement surmonter le mal du siècle nouveau?

La grisaille de janvier, le froid de notre hiver parfois rigoureux et le faible taux d'ensoleillement ne font certes rien pour aider. Car c'est en ces semaines et ces mois plus difficiles que l'on constate généralement une hausse des problèmes de santé mentale. La bonne nouvelle dans tout cela, c'est que nous sommes de plus en plus conscientisés à l'importance et à l'impact de ces problèmes et que ces derniers sont de moins en moins tabous. Saluons au passage l'engagement de Bell, avec son initiative Cause pour la cause et sa Journée nationale, celle d'hier, consacrée à la démystification et à la fin de la stigmatisation de la santé mentale. Une très belle initiative qui montre l'importance de la chose et ce, pour le bien-être des individus, des entreprises et celui de nos collectivités.

Parce que, notamment dans le cas de nos entreprises et de nos organisations, les problèmes de santé mentale peuvent mener à de véritables tragédies. Peut-être avez-vous en tête le triste épisode de la vague de suicides vécus chez France Telecom en 2008-2009 (plus de quarante pertes de vie), et dont Orange, la nouvelle dénomination de France Telecom, ne semble pas s'être tout à fait remise (lire l'article de Cécile Rousseau intitulé « Les suicides continuent chez l’ex-France Télécom », sur le site Internet du journal L'Humanité). Avant qu'un drame ne survienne, que peut-on faire?

Un phénomène en croissance...

D'abord, prendre conscience de l'ampleur du problème. Et c'est d'ailleurs ce à quoi Morneau Shepell, une firme-conseil spécialisée en ressources humaines, et tout particulièrement en santé mentale au travail, nous conviait le mercredi 27 janvier dernier, lors du 5e sommet annuel sur la santé mentale au travail. Lors de cette causerie matinale, la firme a présenté quelques-uns des résultats de son enquête Priorités en matière de santé mentale au travail, édition 2016, résultats qui n'ont pas manqué d’interpeller la centaine d'intéressés sur place.

Ainsi, l'étude de Morneau Shepell nous a appris que...

  • Parmi les cent médecins sondés dans le cadre de cette enquête, près du quart (24 %) ont diagnostiqué une dépression chez les employés étant venus les consulter. Les problèmes d'hypertension artérielle (sur le même pied avec 24 %) et les troubles musculo-squelettiques (11%) suivent ensuite;
  • Toujours au sein de cet échantillonnage de médecins, 63 % d'entre eux affirment que la dépression, les troubles anxieux et les troubles de stress sont les problèmes qui connaissent la plus grande croissance depuis deux ou trois ans.

Signe des temps, les travailleurs canadiens souffrent moins de problèmes de santé physique, et les impacts de ces derniers se répercutent moins sur leur travail, De fait, parmi les quelque mille employés sondés dans l'étude de Morneau Shepell, 53 % de ceux-ci ont déclaré que des problèmes physiques avaient eu une incidence sur leur travail. Dans le cas de problèmes reliés au stress et aux problèmes de santé mentale, ce pourcentage d'employés passe à 67 % et 82 % respectivement.

Terminons avec deux étonnantes révélations. Alors qu'on croirait les jeunes générations plus imperméables aux problèmes de santé mentale, Morneau Shepell nous apprend que les 18-34 ans sont, et de manière significative, ceux qui présentent le niveau de stress le plus élevé! Et l'étude nous fait également prendre conscience des tenaces préjugés à l'égard des problèmes de santé mentale, puisque 64 % des employés qui se sont absentés en raison d’un problème de santé mentale ne l’ont pas signalé officiellement. Voilà qui a de quoi ébranler certaines de nos certitudes.

Des pistes d'action

Évidemment, régler la prévalence des problèmes mentaux de manière immédiate et définitive n'est pas à portée de main. Toutefois, l’étude de Morneau Shepell nous indique que la présence de gestionnaires attentifs aux problèmes de santé mentale et aguerris quant aux solutions, l'accès à des soins lorsque le besoin se manifeste, la présence d'une culture organisationnelle saine et l'absence de stigmatisation peuvent contribuer à réduire l'impact des problèmes mentaux en milieu de travail.

À cet égard, et au-delà de la responsabilité des entreprises et des organisations, il appartient à tous d'y voir!