Article publié dans l'édition Automne 2017 de Gestion

Humanitas Solutions compte offrir ses technologies gratuitement dans le secteur humanitaire. Mais la conception de produits innovants requiert beaucoup d’argent et encore plus de talent. Le succès de ce projet repose donc en bonne partie sur notre capacité à tisser des partenariats profitables pour tous. Voici comment nous y arrivons.

Depuis l’Antiquité, les affaires et le commerce se résument essentiellement à des relations entre des êtres humains. Savoir dénicher les bonnes personnes et les persuader s’avère donc crucial.


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Après avoir accompagné Abdo Shabah dans notre programme d’EMBA en 2013, j’ai trouvé son concept d’innovation tellement extraordinaire que j’ai décidé de contribuer à sa progression. Jusqu’ici, mon rôle a donc consisté à le mettre en relation avec des gens que je savais intéressés par de tels projets, qui ont jugé que ses idées étaient époustouflantes.

Je pense par exemple à Giovanni Beltrame, un professeur de Polytechnique Montréal, aujourd’hui responsable, chez Humanitas Solutions, du volet de la recherche scientifique et de tout ce qui touche à la robotique collaborative.

Créer des partenariats et des collabo- rations durables avec de grands joueurs demande beaucoup de travail. Quand on lance une entreprise, le processus est très unidirectionnel : c’est nous, par exemple, qui devons approcher tous les partenaires potentiels. Avec le temps et les succès vient la notoriété ; différents organismes finissent par nous solliciter de temps à autre, mais il ne faut rien tenir pour acquis.

Surtout, quand on lance un projet, il faut souvent être sur le terrain, et ça ne donne pas toujours des résultats du jour au lendemain. Abdo Shabah passe lui-même beaucoup de temps à tisser des liens avec des entreprises un peu partout dans le monde. Il y a trois mois, par exemple, il était dans la Silicon Valley. Au moment d’écrire ces lignes, il se trouvait en Israël avec la mission économique du Québec.

Il vise notamment à poursuivre les pourparlers qu’il a entamés l’été dernier avec des entreprises internationales alors qu’il leur rendait visite avec une délégation de HEC Montréal. Il est même retourné les voir à l’automne 2016 avec la mission économique du maire de Montréal.

S’appuyer sur des géants

Jusqu’à présent, Humanitas Solutions a conclu d’importants partenariats clés, notamment avec le Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au Québec [CRIAQ], le Consortium en aérospatiale pour la recherche et l’innovation au Canada [CAriC] et d’autres pôles universitaires comme Polytechnique Montréal, HEC Montréal, l’université McGill et l’université Carleton, à Ottawa.

Nous avons également obtenu l’appui de plusieurs géants industriels, notamment Dassault Systèmes, Thalès, Synopsys, CAE, Bell Helicopter-Textron et l’Agence spatiale européenne, qui mettent certains de leurs experts à notre disposition afin de nous aider à concevoir nos applications. Ces entreprises nous permettent aussi parfois d’utiliser certains de leurs logiciels ou quelques-unes de leurs technologies.

Le monde universitaire est un autre partenaire de choix pour Humanitas Solutions, qui conçoit ses applications en grande partie grâce à la contribution de chercheurs et d’étudiants à la maîtrise, au doctorat et au postdoctorat.

Grâce à un projet comme celui-ci – un projet qui pourrait changer le monde, un projet très motivant –, il est déjà plus facile de trouver des partenaires exceptionnels. Les gens veulent spontanément être associés à des idées et à des entreprises qui ont une force vitale.

C’est un peu comme monter une équipe olympique : il faut trouver les meilleurs pour les faire travailler à un projet commun, et cela suscite beaucoup d’enthousiasme. Humanitas Solutions est d’ailleurs le projet qui a reçu le plus grand soutien financier de l’histoire du CARIC et du CRIAQ. Sauver des vies, ça nous réunit.

Les partenaires ont beaucoup à gagner en partageant la propriété intellectuelle, les publications et les solutions technologiques innovantes. Travailler avec Humanitas Solutions est aussi une manière pour eux de développer leur base de savoir, d’innover et d’aller chercher des compétences dans un domaine en émergence et à l’avant-garde.

Le savoir qu’ils accumulent grâce à ce partenariat pourrait même les amener à créer quelque chose de nouveau. L’innovation étant ce qu’elle est, on change parfois le monde d’une façon qu’on n’avait absolument pas envisagée.

Il n’y a d’ailleurs rien comme un projet rassembleur tel que celui d’Humanitas Solutions pour accroître le savoir. Je crois que nous pourrons, au final, faire la fierté de Montréal. La métropole du Québec pourrait éventuellement, grâce aux efforts de tous les collaborateurs à ce projet, donner naissance à une grappe reconnue mondialement et spécialisée en technologies humanitaires. En tout cas, nous y travaillons.