Article publié dans l'édition Printemps 2021 de Gestion

Entré à La Coop fédérée il y a 40 ans, Gaétan Desroches est aujourd’hui à la tête d’une des plus importantes coopératives au pays. Fort d’un chiffre d’affaires avoisinant les 8,2 milliards de dollars, Sollio Groupe Coopératif développe et cultive ses valeurs, tant humaines que coopératives.

Reconnu depuis près de 100 ans pour la puissance de son levier coopératif, Sollio Groupe Coopératif crée aujourd’hui de la valeur grâce à son réseau de coopératives réparties dans l’Est du Canada et à ses trois secteurs d’activité : l’agriculture avec sa division Sollio Agriculture, l’alimentation avec Olymel et le commerce de détail avec le Groupe BMR.

Pour cette organisation qui compte plus de 16 000 employés, les récents mois ont mis en lumière le rôle crucial de ces personnes essentielles qui oeuvrent inlassablement sur la ligne de front pour nourrir et bâtir le Québec, pour protéger un secteur économique vital et pour préserver le mode de vie des régions.

 Racines fortes et vision claire

«Sollio fait partie de nos racines », rappelle Gaétan Desroches, qui a eu maintes fois l’occasion de parcourir la province afin de rencontrer des agriculteurs et leurs familles. « Nous sommes fiers de participer à la vitalité des communautés, en plus de consolider l’autonomie alimentaire du Québec et du Canada», souligne-t-il. Avec sa division Sollio Agriculture, c’est un véritable réseau qui se tisse autour des producteurs agricoles qui souhaitent maximiser leur rendement, notamment grâce aux solutions AgConnexion qui leur permettent d’automatiser leurs opérations et d’ainsi prendre le virage numérique.

De par sa division alimentation, Olymel, une vaste gamme de produits et de marques emblématiques garnissent aussi les tablettes des supermarchés : citons Olymel, Lafleur, Flamingo, Tour Eiffel et La Mère Poule.

Finalement, l’acquisition du Groupe BMR, en 2015, s’inscrit également dans cette stratégie qui a pour but de « garder les villages en vie », signale le chef de la direction de la plus importante coopérative agricole du Québec. Selon lui, cette vision est conciliable avec la conquête de nouveaux marchés.

Autonomie alimentaire : le champ des possibles

Si Gaétan Desroches prône l’autonomie alimentaire, il est déterminé à déployer des stratégies d’exportation et de transformation des produits d’ici, d’où l’ambition d’atteindre un chiffre d’affaires de 10 milliards de dollars d’ici cinq ans. Cela implique le rayonnement nord-américain de Sollio Groupe Coopératif, entre autres au moyen d’acquisitions ciblées. «Chaque décision doit alimenter la chaîne de valeur, servir nos membres et l’ensemble des collectivités », explique-t-il. Cette approche repose essentiellement sur les bienfaits du modèle coopératif où, « peu importe sa taille et son volume d’achat, chaque membre a le même droit et le même poids en matière de vote».

Le chef de la direction ajoute ceci : «Notre conseil d’administration est composé de producteurs agricoles. Bien sûr, le rendement nous préoccupe. Mais le capital social et la vision à long terme aussi.» Il cite en exemple le nouveau terminal maritime de transbordement du grain destiné à l’exportation : «Une multinationale n’aurait probablement pas fait cet investissement dans le port de Québec en raison des rendements à court terme. Mais pour nous, si ça permet d’accélérer et d’étendre la chaîne de valeur de l’agriculture canadienne jusqu’aux marchés européens et asiatiques, l’investissement devient rentable.»

Coopérative 2.0

De la ferme à l’assiette, Sollio Groupe Coopératif consolide patiemment ses acquis. «Nous planifions sur plusieurs décennies, toujours au bénéfice de nos membres», analyse Gaétan Desroches.

À son avis, la compatibilité entre la pensée coopérative et un modèle d’affaires misant sur la rigueur organisationnelle – de la planification aux opérations en passant par le leadership et par le développement – encourage le succès de ce modèle, à la fois fort et pérenne. «Une coopérative, c’est aussi une business. Et, pour nous, c’est important d’être encore présents dans 100 ans», dit-il.

Si les valeurs humaines, l’enracinement et la volonté de préserver l’environnement pour assurer la durabilité agricole font partie de l’ADN des producteurs et de Sollio, l’évolution du groupe passe aussi par la croissance des tendances émergentes. Gaétan Desroches cite la filière des protéines végétales, «créatrice de valeur pour nos membres tout en réduisant notre empreinte écologique». Agriculture durable, lutte contre les changements climatiques et traçabilité des produits font aussi partie du quotidien de Sollio Groupe Coopératif. Au rayon des innovations, l’automatisation, l’intelligence artificielle (données, prédictions-décisions), les solutions numériques d’AgConnexion et son application mobile pour producteurs et détaillants s’invitent désormais sur les fermes.

«On a tendance à valoriser certaines grappes, comme les jeux vidéo ou l’aéronautique. Or, le secteur agricole évolue à grande vitesse et demeure d’une importance cruciale», signale Gaétan Desroches.

Si ce nouvel arsenal technologique compense une partie du manque de main-d’oeuvre, Gaétan Desroches croit surtout «qu’il nous faut, collectivement, valoriser le travail en agroalimentaire. Parce que c’est honorable».