Longtemps présentée comme un doux rêve, la semaine de 4 jours intéresse de plus en plus et de nombreuses organisations la mettent en place. Attention cependant à choisir la bonne formule…

La semaine de 4 jours est déjà mise en place dans des municipalités en Ontario. L’idée fait également son chemin en Nouvelle-Écosse et en Alberta. Au Québec, des entreprises comme Totem l’offrent à leurs employés. D’autres l’ont essayée, mais ne l’ont finalement pas adoptée. Et vous, avez-vous commencé à en parler dans votre organisation?

En février 2023, la publication des résultats du plus grand projet pilote réalisé sur le sujet, conduit au Royaume-Uni entre juin et décembre 2022 (60 entreprises, 29 000 employés), a remis le sujet sur la table.

Avant d’envisager le 4 jours semaine, encore faut-il savoir de quoi on parle. Quatre approches cohabitent en effet. L’objectif est de bien choisir celle qui convient à son entreprise ou à son équipe.

80% d’une tâche pour 80% du salaire

Cette formule est celle utilisée dans les entreprises depuis plusieurs décennies. C’est une approche accessible pour la grande majorité des organisations et une demande souvent acceptée par les gestionnaires.

Pour les entreprises qui peinent à pourvoir leur poste, cette approche (plutôt simple à déployer) peut accroître son attractivité sur le marché des talents et fidéliser les employés.

4 jours de 10 heures pour 100% de son salaire

40 heures de travail réparties sur 4 jours, c’est le modèle déployé dans des municipalités ontariennes. C’est également l’approche en Belgique depuis qu’une loi adoptée en octobre 2022 permet à tous les citoyens belges de choisir de travailler entre 4 ou 5 jours par semaine (pour 100% de la rémunération).

C’est une approche possible dans de nombreuses organisations. Elle requiert d’outiller les employés pour qu’ils apprennent à conserver leur énergie tout au long de journées de travail plus denses (micropauses, gestion du stress, 20-20-20 pour réduire la fatigue numérique – chaque 20 minutes, je regarde 20 secondes à 20 mètres devant moi). Ce modèle va probablement gagner en popularité au Québec au cours des prochaines années.

C’est Henry Ford qui a amorcé, il y a environ 100 ans, le passage de la semaine de 6 jours de travail à celle de 5 jours.  Il est aujourd’hui cocasse de penser que les entreprises et les employés n’étaient pas unanimement en faveur de ce changement; «ce sera trop de pression de faire en 5 jours ce que nous faisons en 6 jours», disait-on à l’époque!

 

4 jours de 8 heures pour 100% de son salaire

C’est le modèle expérimenté au Royaume-Uni dans le cadre de l’étude pilote. 92% des entreprises participantes ont choisi de continuer d’offrir le 4 jours semaine (payés 5) après la réalisation de l’étude. Les résultats sont excellents du point de vue des employés : réduction du stress et de la fatigue, meilleure santé mentale, meilleur équilibre vie professionnelle-vie personnelle et accroissement de la satisfaction au travail. Les résultats sont aussi positifs du côté des entreprises : diminution de l’absentéisme et maintien de la productivité. Il faut toutefois noter que les entreprises participantes n’ont pas toutes répondu à cette question et que ce maintien de la productivité doit être évalué dans la durée.

Certaines conditions sont cependant requises pour assurer le succès d’une telle approche. Côté employé, il faudra parvenir à assurer la production de 5 jours en 4. Il faudra aussi gérer une pression additionnelle et faire le deuil de certaines activités qui permettent des moments informels, souvent appréciées des équipes. Il faudra également être prêt à faire face à plusieurs vagues de changements ayant pour but d’optimiser les opérations.

Côté employeur, il faudra revoir et améliorer les pratiques de travail. Tout devra y passer pour gagner 20% de temps d’activité : réduire et repenser les réunions, revoir les processus et procédures de travail, éliminer les activités sans valeur ajoutée. Non seulement il y a du boulot sur la planche, mais l’organisation devra aussi inventer de nouvelles façons de travailler. Gestion de changement en vue!

Pis faites donc ce que vous voulez! Laisser les employés choisir l’approche qui leur convient, quand cela leur convient

Bien que cette façon de faire brille par sa flexibilité, elle n’est pas applicable à toutes les équipes. Elle requiert que les gestionnaires maîtrisent et adoptent la gestion par objectif, que l’équipe soit mature et performante et qu’elle entretienne un excellent climat de travail.

Cette approche est difficilement applicable pour les équipes qui doivent gérer des employés sous-performants ou désengagés.

Dans l’action, cette approche permet aux équipiers de choisir, chaque jour, ce qui leur convient. Ils déploient une énergie de feu! Ils mangent leur boîte courriel comme s’ils étaient à la veille de partir en vacances. Ils y vont alors pour 4 jours payés 5. Le lendemain, personne ne les attend. Ils ont envie d’assumer leur réactivité entre deux tisanes, qu’à cela ne tienne! Les gens sont libres de choisir ce qui leur convient, au moment qui leur convient. Le seul indicateur pris en compte est celui des résultats.

Alors, pour tout le monde le 4 jours semaine? OUI, mais à chaque entreprise la formule qui lui convient. Il est facile de se fourvoyer si l’entreprise ne réalise pas un bon diagnostic de sa situation actuelle (de ses équipes), de l’approche appropriée pour elle, mais aussi de celle souhaitée par ses équipes.