Mieux comprendre la chimie du cerveau, pour mieux diriger ses troupes!

Loin de moi l'idée de vous ramener à vos cours de biologie au secondaire ou de chimie moléculaire au collégial, si la pensée d'une telle chose vous fait frissonner ou provoque chez vous de désagréables reflux gastriques! Mais en matière de motivation et de mobilisation des employés, un gestionnaire informé en vaut deux, et la compréhension de la complexe chimie du cerveau pourrait grandement vous aider à y voir plus clair au sein de vos équipes de travail.


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Comme nous le signale Michael McIntosh dans son blogue publié sur le site 21 Triangles (lire « Caught In The Act! of doing something right: A neurobiological approach to high performance management »), le gestionnaire que vous êtes veut en effet favoriser chez ses employés la sécrétion de deux hormones naturelles, à savoir l'adrénaline (C9H13NO3) et la noradrénaline (C8H11NO3). Relativement connues dans la culture populaire, l'adrénaline, de même que sa cousine la noradrénaline, sont souvent liées à la préparation du corps à l'effort : la circulation sanguine s'accélère, le niveau de concentration et d'attention à la tâche s'élève, la résistance physique s'accroît et des perturbateurs tels que la fatigue, la douleur ou certains irritants de l'environnement (le bruit, par exemple) s'estompent. À défaut d'une injection directe de ces hormones à vos employés, ce que nous ne saurions recommander (!), comment favoriser l'apparition de ces dernières? Par le défi! Proposer à ses employés des tâches stimulantes qui feront en sorte de susciter le dépassement de soi constitue sans conteste une bonne manière de susciter la présence de ces deux hormones bienfaitrices.

Et si vos gens sont en mesure de réaliser ces tâches stimulantes que vous leur proposez, de surmonter les défis que vous lancez sur leur chemin, sans doute en seront-ils quittes pour une bonne dose de dopamine (C8H11NO2), cette hormone hautement addictive qui provoque chez l'être humain ce sentiment de bien-être accompagnant le devoir accompli et la réussite. La reconnaissance du travail effectué et de l'atteinte des objectifs par vos employés sont évidemment des moyens fort simples pouvant favoriser les flux de dopamine chez ces derniers, d'autant qu'avec l'effet euphorisant de la dopamine, ils chercheront sans doute à revivre l'expérience. À vous, donc, de les alimenter en ce sens!

Mais attention, toutes les hormones n'ont pas la même valeur positivement productive! Prenez le cortisol (C21H30O5) qui, quant à lui, est diffusé par le cerveau en situation de stress. Bien qu'agissant plus lentement que l'adrénaline et la noradrénaline, le même effet général de préparation à l'effort s'installe, mais dans une perspective de danger immédiat. L'humeur se renfrogne, l'optimisme se réduit comme une peau de chagrin, le niveau de sociabilité s'amenuise et la prise de risque devient beaucoup plus restreinte. À cet égard, le gestionnaire avisé doit être conscient de la présence d'éléments porteurs de stress dans son environnement, et de l'incontournable présence du cortisol dans son système, et faire en sorte d'en amenuiser l'effet sur ses troupes.


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Terminons cette séance en mentionnant la présence d’une autre molécule, l'oxytocine (C43H66N12O12S2), affectueusement surnommée « la molécule de la confiance ». À l'heure actuelle, de nombreuses études s'intéressent au rôle joué par cette molécule dans l'établissement de la confiance et de l'ouverture aux autres. Comme le signale Judith E. Glaser dans son article publié sur le site Internet de la Harvard Business Review (lire « Your Brain Is Hooked on Being Right »), l'oxytocine serait relâchée par le cerveau en présence de contacts avec d'autres personnes. Paul J. Zak, dans son article publié dans le Wall Street Journal (lire « The Trust Molecule »), a quant à lui constaté, dans le cadre de ses travaux, que la diffusion de ladite molécule était favorisée lors d'activités collectives (chanter, danser ou prier en groupe) ou en établissant des contacts avec des personnes gravitant hors de nos traditionnels repères géographiques ou culturels.

Il y a évidemment bien des choses à faire avant de prescrire à votre équipe quelques séances de karaoké afin de hausser le niveau d'ocytocine et de confiance mutuelle dans votre équipe! À vous de voir comment vous pouvez harnacher la puissante chimie du cerveau au bénéfice de votre entreprise ou de votre organisation!