Les deux domaines sont-ils si éloignés l’un de l’autre? Certainement pas, prétend Margaux Rambert, dans son article « Management : 6 leçons des philosophes », publié en collaboration avec Patrick Errard1, dernièrement sur le site Internet Psychologies.com. De fait, ne réclame-t-on pas, de la part de nos gestionnaires, d’être en mesure de prendre de bonnes décisions en fonction de justes valeurs bien ancrées, de mener une conduite exemplaire envers soi-même et envers les autres, et de faire preuve, en toute circonstance, de cette sagesse tant recherchée par la philosophie. Voici donc, pour votre propre gouverne, ces quelques réflexions à méditer lors d’une prochaine pause.

  • « Connais-toi toi-même. » L’inscription inscrite sur le fronton du temple de la pythie, à Delphes, en Grèce, nous invite à réfléchir sur qui nous sommes et, surtout, ce que nous voulons être. Devenir gestionnaire est d’abord et avant tout un choix. Un choix essentiellement altruiste, qui oblige à se tourner vers l’autre : « Devenir manager est un vrai chemin initiatique. C’est décider de "s’occuper des autres", de leur consacrer au moins une partie de sa journée, de passer du "je" au "nous", et donc faire le deuil d’une certaine forme d’ego. C’est contraire à notre nature humaine, qui nous pousse à faire passer nos intérêts personnels en premier. », ajoute Patrick Errard. Le métier de gestionnaire est-il en accord avec ma vraie nature ?
  • « Le doute est le commencement de la sagesse. » Cette maxime d’Aristote nous rappelle que trop de certitudes inquiète et éloigne! La quantité d’informations qu’il serait essentiel d’avoir sous la main pour bien gérer étant beaucoup trop vaste, le bon gestionnaire sera celui qui saura pallier à ses manques et se tourner vers ses collaborateurs sans gêne ni honte. Il n’en paraîtra que plus humain aux yeux de ses proches et de ses employés.
  • « On n’aime personne que pour des qualités empruntées. » Par cette citation, le philosophe français Blaise Pascal nous indique que « (…) nous aimons en réalité "l’universalité" des qualités humaines, mais pas l’humain dans sa singularité. Et cela nous prive de l’intérêt profond que l’on peut porter aux hommes. » signale Patrick Errard. Mais pourtant, l’une des clés d’un management efficace se situe là! L’intérêt franc et honnête pour l’autre, l’écoute et l’empathie sont autant de dispositions qui feront qu’en retour, vos gens vous suivront.
  • « Le cœur est le lieu du courage quand l’âme est le lieu où se trouve la raison », nous dit Platon. Le courage, vertu cardinale du management, est un incontournable en entreprise. Car au-delà des calculs froids et rationnels qui mènent à la décision finale, le bon gestionnaire saura soupeser cette dernière à l’aulne de son instinct et saura trouver le courage d’aller contre la raison quand sa conscience l’y pousse.
  • « Vous n’êtes en vie que par la prise de conscience de ce qui vous entoure à l’instant présent, c’est-à-dire du fait que la nature qui vous entoure est vivante », stipule Épicure. Le bon gestionnaire a les pieds bien plantés dans le présent. Il ne ressasse pas sans fin le passé de l’organisation, tout comme il ne se projette pas constamment dans un futur incertain. Il est là, au moment présent, pour ses gens dans l’organisation.

Démodée, la philosophie? Plus que jamais, celle-ci peut, et doit, nous aider à faire de nous de meilleurs hommes et femmes, et de meilleurs gestionnaires qui évolueront dans de meilleures organisations.


1. Patrick Errard est l'auteur de La philosophie au secours du management, publié chez Odile Jacob.