Les banques, telles qu'on les connaît, seraient-elles condamnées à disparaître?

La fin des services bancaires ne sera peut-être pas aussi brutale que celle des dinosaures, balayés par un astéroïde il y a 66 millions d'années, mais le tout risque quand même de se passer assez vite, s'il faut en croire les experts de la Citibank. La vénérable institution bancaire sait de quoi elle parle, voyant le tsunami approcher à grande vitesse en direction du secteur bancaire.

La technologie à l'assaut du système bancaire

Ces mêmes experts ont en effet publié récemment une étude intitulée Digital Disruption. How FinTech is Forcing Banking to a Tipping Point, étude qui laisse entrevoir l'ampleur du changement à venir. Au cœur de ce changement se situent les « fintechs », ces entreprises du numérique qui se spécialisent dans les services bancaires et qui viennent, de par leurs activités, jouer les trouble-fêtes dans le traditionnel et conservateur domaine bancaire¹.

Il faut dire que ces dernières ont le vent dans les voiles. Ces quelques chiffres sauront vous convaincre de la chose! Les investissements dans les fintechs ont été multipliés par dix, et ce en l'espace de seulement cinq ans, passant de 1,8 milliard de dollars en 2010 à 19 milliards de dollars en 2015. Ces mêmes fintechs ont capturé 1,1 % des revenus provenant des services aux particuliers dans le secteur bancaire américain en 2015. Ce pourcentage sera de 17 % en 2023. Et en Chine, les fintechs comptent à l'heure actuelle plus de clients que les banques traditionnelles!

Pertes d'emplois en vue...

Mais intéressons-nous davantage aux conséquences de ce bouleversement sur les forces vives du secteur bancaire. Car, après tout, c'est en effet un nombre impressionnant d'emplois qui seront en jeu. Déjà, la tendance se dessine, et les succursales sont de plus en plus désertes. La firme Accenture, citée dans l'étude de la Citibank, a évalué qu'en 2015, un client interagissait en moyenne à 17 reprises avec son institution bancaire, et ce mensuellement. De ce nombre, les échanges par des moyens technologiques (site Internet, application mobile, guichet automatique, etc.) s'élevaient à quinze! Et les banquiers, qui savent très bien compter, ont senti le vent tourner et, dans certains cas, n'ont pas hésité à agir en ce sens. À cet égard, comme le montre le tableau suivant, on constate une baisse substantielle du nombre de succursales bancaires dans bon nombre de pays, et ce depuis une décennie.

Diminution (ou augmentation) en pourcentage du nombre de succursales bancaires par 100 000 habitants (2004-2014)

(Source : étude citée dans l'article)

Doit-on s'étonner de voir certains pays scandinaves dans le peloton de tête à ce chapitre? Pas vraiment, quand on connaît le degré de connectivité qui prévaut dans ces pays nordiques. L'ensemble des pays scandinaves mène, avec 30 % de succursales en moins, suivie de la zone Asie-Pacifique, avec 22 % de succursales fermées depuis une décennie. Curieusement, nos voisins américains semblent attachés à leurs comptoirs bancaires, puisqu'il n'y a pas eu d'évolution notable à ce chapitre.

Cette chute du nombre de succursales bancaires annonce évidemment l'hécatombe à prévoir quant au nombre d'emplois qui seront perdus dans le secteur bancaire. L'étude de la Citibank annonce des pertes de 40 % des emplois dans ce domaine aux États-Unis, et de 45 % des emplois en Europe, et ce d'ici 2025.

De quelle manière ces travailleurs du secteur bancaire pourront-ils se reconvertir? La question demeure entière, tandis que le tsunami se rapproche rapidement...

¹ Pour quelques exemples de fintechs, lire notre article « Une révolution aux portes du monde de la finance? ».