La surcharge d’information est un des plus grands défis humains et sociaux de notre époque. Parfois appelée infobésité, cette surcharge atteint un seuil critique lorsque nous recevons tellement d’information que nous n’arrivons plus à la traiter adéquatement. Votre équipe a-t-elle atteint ce point ? Faites le test !

Nos organisations cèdent au gavage d’information parce qu’elles estiment que les données sont précieuses et nous aident à prendre de meilleures décisions. Le savoir donne du pouvoir ! Mais est-ce vraiment le cas ? Les études tendent plutôt à montrer que la performance d’un individu augmente lorsqu’il a accès à plus d’information mais qu’elle décline lorsque cette quantité dépasse un certain seuil critique1.

L’information et la lumière ont ceci en commun : elles nous éclairent jusqu’à ce qu’elles nous aveuglent ! Les études sur le multitâche, ce concept à la mode depuis bien des années, démontrent les limites du cerveau : en effet, celui-ci fonctionne moins bien lorsqu’une personne fait plusieurs choses à la fois2. Par ailleurs, la créativité survient souvent dans les conditions opposées à celles de la surcharge d’information, soit lorsque l’esprit vagabonde. Avec Internet qui nous suit partout, parfois jusqu’à bord des avions, quel espace reste-t-il pour le cerveau libre ? On le persécute maintenant jusque dans ses derniers retranchements ! Pas étonnant que plusieurs rêvent secrètement de déclarer une faillite informationnelle, c’est-à-dire de supprimer tous les courriels et les textos, d’aviser le monde entier qu’ils ont tout perdu et de demander à ceux qui ont des requêtes vraiment importantes de tenter de les joindre plus tard !

Un problème trop souvent négligé

La surcharge d’information pose plusieurs risques au succès des équipes de travail, tant sur le plan de la santé que sur celui de la productivité. Bien que ce problème soit réel, rares sont les équipes qui l’abordent de front ; au mieux, la plupart sont strictement réactives, ne sachant pas trop comment gérer la situation. Une chose est claire cependant : le statu quo est intenable pour la majorité des équipes. Le cerveau humain ne peut tout simplement pas absorber la croissance exponentielle et vertigineuse de la quantité de données.

Des pistes d’action

Si certaines solutions au problème de l’infobésité peuvent provenir du domaine de la technologie, les personnes qui composent les équipes devront jouer un rôle de tout premier plan pour résoudre cette question : après tout, ce sont les premières concernées. Quelle est la nature de notre rapport avec l’information ? Et surtout, quel rapport notre équipe entretient-elle avec l’information ? L’abondance de données est un phénomène qui tend à s’amplifier, mais nous avons plusieurs options pour y faire face et pour demeurer productifs.

Les 3 facteurs favorables à la prévention de l'infobésité

Les 3 facteurs favorables à la prévention de l'infobésité

1 - La discipline personnelle

Puisque le cerveau n’est pas en mesure de traiter toute la masse d’information qu’on lui soumet désormais chaque jour, nous devons être les gardiens de notre bande passante. Savoir distinguer ce qui est urgent et ce qui peut attendre, garder l’essentiel et éliminer le superflu, savoir reconnaître les tâches chronophages et mettre en œuvre des moyens pour nous protéger contre nous-mêmes (combien de fois regardez-vous vos courriels par jour ?) sont autant de nouveaux réflexes à acquérir et à renforcer.

2 - Le signal envoyé par le patron

Le patron a pour devoir d’établir la norme quant à la façon dont le personnel doit gérer l’information. Doit-on être au courant de tout, tout le temps ? Quelles sont les attentes et les habitudes du patron en matière de rapidité de réponse ? Celui-ci est-il prêt à nous interrompre à tout moment lorsqu’il a besoin d’un renseignement ? De très nombreux employés estiment que leur productivité pourrait s’accroître si leur patron décidait enfin de les laisser travailler !

3 - L’autorégulation de l’équipe

La collaboration est valorisée dans les équipes, mais comment réagir lorsque des collègues bien intentionnés nous bombardent d’information ? Existe-t-il des règles de communication entre les membres de l’équipe ? Doit-on vraiment recevoir une copie conforme de tous les courriels ? Est-il vraiment nécessaire d’assister à cette réunion ? S’impose-t-on collectivement des délais de réponse irréalistes ? Est-il possible d’avoir des périodes de travail sans interruption ? Les équipes doivent se donner la latitude d’avoir des discussions franches sur ces questions.

Pour savoir si votre équipe souffre d'infobésité, remplissez le questionnaire en cliquant sur le lien suivant.

Article publié dans l'édition hiver 2018 de Gestion


 

Notes

1 Eppler, M. J., et Mengis, J., « The Concept of Information Overload : A Review of Literature from Organization Science, Accounting, Marketing, MIS, and Related Disciplines », The Information Society, vol. 20, n° 5, 2004, p. 325-344.

2 Lahnakoski, J. M., Jääskeläinen, I. P., Sams, M., et Nummenmaa, Lauri, « Neural Mechanisms for Integrating Consecutive and Interleaved Natural Events », Human Brain Mapping, publié en ligne le 5 avril 2017, 56 p.