On l’avouera, le monde de la finance et de l’assurance n’est certes pas associé à l’innovation.

Pourtant, un tout récent rapport du Forum économique mondial intitulé The Future of Financial Services nous apprend que cette perception pourrait changer très rapidement, du fait de la forte impulsion donnée à ce domaine d’affaires par une poignée d’entreprises innovantes. Tout comme Uber ou Airbnb ont perturbé, et continuent de le faire, des domaines d’affaires plus ou moins pantouflards comme l’industrie du taxi ou de l’hôtellerie, ces entreprises innovantes du monde de la finance et de l’assurance sont aussi en voie de remettre bien des acquis et des certitudes en question.Voici comment :

  • Plutôt que de s’attaquer de front à ces géants de la finance, ces nouvelles entreprises innovantes ciblent leur talon d’Achille. Prenons les frais bancaires de toute sorte qui, on en conviendra, irritent unanimement. Une entreprise telle que TransferWise peut, par exemple, procéder à un virement de fonds vers le destinataire de votre choix à l’étranger pour une fraction du montant qu’il vous en coûterait dans une institution financière. Le tout se déroule dans des délais encore ici très courts et dans le confort de votre boudoir. Votre banque peut-elle faire mieux?
  • Plus besoin aujourd’hui de se rendre en succursale afin de rencontrer un conseiller financier pour parler de stratégie d’investissement, de gestion de portefeuille ou d’optimisation fiscale. Des sites tels que Wealthfront ou FutureAdvisor, grâce à des algorithmes automatisés, s’en chargeront, sans qu’il vous soit nécessaire d’avoir dans votre bas de laine les quelques dizaines (ou même parfois centaines) de milliers de dollars nécessaires pour seulement entamer une telle conversation avec un conseiller bancaire.
  • Le dossier de crédit de votre entreprise renvoie-t-il le véritable portrait de sa santé financière? L’entreprise britannique FriendlyScore tente d’ajouter, pour le bénéfice des prêteurs, un niveau supplémentaire d’analyse de la solvabilité d’une entreprise en proposant le social credit scoring. En scrutant, par exemple, le nombre de « J'aime » du compte Facebook de votre entreprise ou le nombre de commentaires favorables ou défavorables à son propos, votre prêteur peut se faire une idée plus précise de la santé générale de cette dernière.
  • Les assureurs se sont également lancés dans l’interconnectivité, le tout afin d’ajuster le plus finement possible, à la hausse ou à la baisse, les primes réclamées à leurs assurées en fonction du risque. Desjardins, avec le programme Ajusto, en est un bon exemple. Mais que dire de l’assureur américain Oscar, qui fournit à tous ses assurés un moniteur Misfit Flash, vous incitant du coup à bouger et à économiser : « Sync with the Oscar app to count your steps and earn $1 when you hit your daily goal. We’ll personalize your goal to keep you moving. You can get up to $240 each year just for being active. »
  • Le financement participatif (crowdfunding) est une tendance lourde, et n’est plus seulement réservé aux entreprises. Des sites tels que Lending Club ou Prosper mettent en contact prêteurs et emprunteurs individuels, laissant ainsi la loi de l’offre et de la demande jouer afin que tous y trouvent leur compte. Le phénomène est en forte croissance : Lending Club a ainsi rendu possible plus de 700 000 prêts, pour une valeur de 9,2 milliards de dollars, depuis sa création en 2009; Prosper compte plus de deux millions de membres et plus de quatre milliards de dollars ont été prêtés par l'intermédiaire de ce site Internet.

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Le grand gagnant de toute cette effervescence technologique est sans conteste le client, comme le signale Julia Greenberg, du magazine Wired (lire son article « Tech Upended Banks and Stock Trading. Insurance Is Next ») : « By using smartly designed apps and massive troves of data to automate the things that used to require real people and mounds of paperwork, many startups are offering better experience, faster results and lower costs than traditional banks and brokerages. » Personne ne s’en plaindra, sauf peut-être les banquiers eux-mêmes!