Une toute nouvelle entité a fait son apparition dans le monde des transactions mobilières: la bourse Neo. Issue de la collaboration de huit partenaires fortement engagés dans le domaine boursier (notamment la Banque Royale du Canada et la britannique Barclays), et regroupés dans une coentreprise nommée Aequitas, la bourse Neo entend mettre fin à certaines pratiques qui, si elles ne sont pas illégales en soi, soulèvent bien des interrogations de nature éthique.

Le problème émane essentiellement des transactions à haute fréquence (high-frequency trading, ou HFT), des transactions boursières effectuées à l'aide de logiciels informatiques extrêmement performants et rapides. Tel qu'expliqué dans le reportage présenté par Ici Radio-Canada plus tôt cette semaine, le stratagème consiste à prendre de vitesse (il est question ici de millisecondes, voire même de microsecondes) un ordre d'achat ou de vente lancé pour un titre donné, puis de revendre ou d'acheter le titre à l'émetteur d'ordre, avec un profit minime, mais un profit quand même.Au bout du compte, ces profits minimes s'accumulent pour devenir des sommes assez importantes.


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Au final, la présence de ces "intermédiaires" informatiques vient donc fausser le jeu de l'offre et de la demande sur le parquet virtuel de la bourse.  Et le phénomène serait important. Selon le site L'Économiste, environ 65% des transactions boursières aux États-Unis seraient des transactions à haute fréquence. Les autorités financières et gouvernementales, de même que les bourses, sont bien au fait de la situation. Deux voies sont envisagées afin de corriger le problème: la coercition ou la compétition. De fait, si plusieurs pays ont imposé des législations ou des taxes à l'égard des transactions à haute fréquence, certains militent pour que le jeu de la compétition s'exerce à fond.

Déjà, la bourse TMX de Toronto entend, dans les mois à venir, mettre de l'avant certaines mesures cherchant à restreindre l'avantage de temps procuré par l'arsenal technologique et informatique inhérent aux transactions à haute fréquence.  Mais la bourse Neo, quant à elle, attaque de front le TMX torontois avec une toute autre philosophie, comme le révélait à La Presse le président d'Aequitas, le belgo-canadien Jos Schmitt: "Nous construisons la Bourse de l'avenir en utilisant un nouveau plan audacieux qui offre une approche pleine de bon sens vis-à-vis du courtage et de la levée de capitaux; qui utilise la technologie pour valoriser et libérer plutôt que pour discriminer et tromper; et qui récompense ceux qui investissent en fonction de stratégies saines plutôt que ceux qui exploitent les failles structurelles". Dans les faits, afin de décourager de telles pratiques sur le parquet de la bourse Neo, des délais aléatoires et des frais de transactions non économiques seront imposés aux utilisateurs de la bourse, et ce afin de dissuader ces derniers de verser dans le courtage à haute vitesse.

Dans un domaine où le déficit de confiance demeure toujours à combler auprès des investisseurs, des épargnants et de la population en général, l'arrivée de la bourse Neo pourra-t-elle contribuer à redorer l'image de ce monde abstrait et hermétique, et dont les dérapages passés ont eu des conséquences catastrophiques pour le système économique mondial? Qu'en pensez-vous?