Saurez-vous le repérer et agir adéquatement? 

La mise en situation suivante vous aidera peut-être à répondre à l'’interrogation faisant office de titre...… Vous êtes gestionnaire et vous avez une petite équipe sous votre gouverne. Parmi eux, Cyprien (appelons-le ainsi!) est souriant, affable et s’entend généralement bien avec ses collègues de travail. Pourtant, lorsque vous vous attendez à recevoir aujourd’hui le rapport mensuel des ventes que vous lui avez demandé la semaine dernière, il se disculpe en vous déclamant plutôt une longue liste d’excuses qui ne le mettent jamais en cause. Doit-on procéder collectivement à quelque tâche ennuyeuse au travail? Tout le monde s'’y met dans une relative bonne humeur, sauf Cyprien qui s’'attelle à la tâche lentement, très lentement, et qui ne fournit qu'’un effort très minimal. Pour peu, on parlerait même de sabotage! Pas de doute à y avoir, Cyprien possède une personnalité passive-agressive. Aussi élusif que l’'anguille qui nous file entre les doigts, le passif-agressif joue sur bien des registres. Autant il nous fait douter de sa mauvaise foi et nous fait nous remettre en question en refusant systématiquement de s'’opposer ouvertement aux demandes qui lui sont faites (dire « oui », mais ne rien faire par la suite), autant il finit par exaspérer ceux qui doivent prendre les bouchées doubles ou ramasser les pots cassés derrière eux. Et cela, sans parler du sentiment et du discours de victimisation qu'’ils propagent dans leur entourage, et qui peut finir par empoisonner l’'atmosphère rapidement…

Comment peut-on comprendre ce comportement ? Pour le psychiatre Félix-Antoine Bérubé, de l'’hôpital Louis-Hyppolite-Lafontaine (cité dans l’'article de Lucien Fauvernier « 5 clés pour comprendre les passifs-agressifs », sur le site Psychologies.com), la mécanique est claire : « Pour ces individus, la soumission apparaît révoltante. Le seul problème étant que pour elles, toute demande est facilement perçue comme une soumission. Cela invite alors ces personnes à se mettre dans des positions de résistance pouvant s’'exprimer par différentes conduites : remettre toujours à plus tard une tâche à réaliser, se placer dans une posture de victime. Alors que la soumission est perçue comme inacceptable, l'’autonomie – son opposé – est source d'’anxiété. La personne est donc dans l'’impasse : elle ne veut ni se soumettre, ni s’émanciper. Ainsi la résistance indirecte devient la voie de contournement, la moins pire des solutions. »

Au final, comment doit-on réagir devant ce type de personnalité difficile? Tout d’abord, la confrontation directe est à proscrire, car elle risque de déboucher sur des attaques personnelles et saper toute chance de voir le travail se réaliser. Certes, cela demande au passage un bon travail sur soi-même et une excellente gestion de ses propres émotions, que le comportement passif de l'’individu en question vient mettre à mal. Donc, objectiver la situation et centrer l'’analyse de cette dernière sur les tâches non réalisées, et les raisons d'’un tel manquement. Par la suite, comme le suggère Manfred Kets de Vries (lire son article « Helping the Passive-Aggressive Executive », sur le site Internet de la Harvard Business Review), il faut les habiliter à mieux exprimer ouvertement les émotions négatives qu’'ils vivent, et les encourager lorsqu'’ils parviennent à le faire, de manière à briser ce cycle d'’agressivité et de passivité qu'’ils reproduisent souvent depuis leur tendre enfance.

C'’est à ce compte que vous pourrez éventuellement réussir à faire de ces individus passifs-agressifs des membres actifs et productifs au sein de votre organisation.