Si vous avez regardé dernièrement l'excellent documentaire Citizenfour, qui relate la courageuse dénonciation des pratiques de surveillance de l'Internet par le gouvernement américain, dénonciation faite par le lanceur d'alerte Edward Snowden, vous êtes déjà au fait que les requêtes que vous effectuez sur l'Internet par l'entremise des moteurs de recherche traditionnels tels que Google, Yahoo ou Bing (de Microsoft) peuvent éventuellement servir à bien d'autres fins que les vôtres.

Il n'y a qu'à voir toutes les offres publicitaires non sollicitées qui nous sont faites en naviguant sur l'Internet pour constater que les mots-clés que nous tapons sur nos fureteurs intéressent aussi bien des entreprises. Pour la très grande majorité d'entre nous, toutefois, la chose ne semble pas causer problème. De fait, lorsque l'on regarde les parts de marché mondiales des moteurs de recherche, des géants tels que Google et Microsoft, indirectement mis en cause par les révélations d'Edward Snowden, trônent en tête de liste des outils les plus employés par les internautes. Mais si vous désirez fureter en toute tranquillité d'esprit, une solution s'offre peut-être à vous: les moteurs de recherche dits « éthiques ».


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Dans son article publié dans l'hebdomadaire français La Tribune, le journaliste Sylvain Rolland nous présente DuckDuckGo et Qwant, deux de ces moteurs de recherche qui se font un point d'honneur de respecter votre vie privée lors de vos escapades dans l'univers virtuel (lire son article « DuckDuckGo, Qwant les anti-Google ont le vent en poupe »).

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, c'est précisément au moment où Edward Snowden révélait au monde entier la présence du programme de surveillance PRISM, géré par la National Security Agency (NSA) américaine que DuckDuckGo et Qwant ont véritablement décollé. Et l'impulsion qu'ont connue ces deux moteurs de recherche ne semble pas s'essouffler. L'américain DuckDuckGo a vu sa fréquentation s'accroître de 600% en deux ans, et répond à plus de dix millions de requêtes par jour. Idem pour le français Qwant, dont la fréquentation a triplé depuis l'automne 2014, et qui répond quotidiennement à quelque six millions de requêtes.

La vertu vient toutefois avec quelques petits défauts. Puisque DuckDuckGo et Qwant n'utilisent pas de cookies et n'enregistrent ni l'adresse IP, ni l'historique de leurs utilisateurs, la précision des résultats de recherche peut parfois laisser à désirer, comme le signale Sylvain Rolland: « [...] sans "tracking", impossible d'adapter les résultats en fonction des goûts et de l'historique de navigation de l'utilisateur... L'internaute a donc davantage de risques de tomber sur un résultat à côté de la plaque, et pourrait s'agacer de ne pas retrouver les pages qu'il a déjà consultées dans les premiers résultats. »

Malgré ces quelques désagréments, les moteurs de recherche éthiques tels que DuckDuckGo et Qwant sont ambitieux, et l'avenir devrait leur promettre une croissance appréciable. À preuve, Qwant a su convaincre des organes de presse d'importance, les allemands Die Welt et Bild, qui en ont fait leur moteur de recherche par défaut. Quant à DuckDuckGo, l'entreprise de Valley Forge (Pennsylvanie) vient de recevoir un sérieux coup de pouce d'Apple, cette dernière ayant accepté de l'intégrer à sa liste de moteurs de recherche accessibles sur son fureteur. Malgré l'écrasante présence de Google dans le domaine des moteurs de recherche, ces petits nouveaux seront à surveiller à coup sûr dans les années à venir.