L’adoption d’un cadre mondial commun en matière de divulgation est une condition nécessaire pour assurer le succès d’une finance plus durable. Quels défis les différentes initiatives en cours posent-elles?

Emmanuel Faber

Emmanuel Faber est président de l’International Sustainability Standards Board (ISSB), l’organisme chargé de créer de nouvelles normes en matière de divulgation financière environnementale qui a ouvert un bureau à Montréal en juillet 2022. Le magazine Gestion s’est entretenu avec lui récemment.

L’ISSB vise à mettre au point une solution mondiale qui divulguerait aux investisseurs toutes les informations requises en matière de développement durable. Nous voulons nous attaquer à cette véritable «macédoine» de règlements et aider à en finir avec l’écoblanchiment. Mais pour trouver une solution qui peut être utilisée dans le monde entier, il faudra que les intervenants prennent position sur ce que nous proposons. Nous devrons travailler avec les autorités en place pour nous assurer qu’il existe une adéquation entre notre référentiel mondial et leurs exigences en matière de développement durable.Les défis seront nombreux, car nous créons un nouveau langage. Cependant, nous nous appuyons sur l’excellent travail réalisé par d’autres, notamment en ce qui a trait aux normes du Sustainability Accounting Standards Board (SASB) et aux recommandations de la Task Force on Climate-Related Financial Disclosures (TCFD). Notre travail profite d’un grand dynamisme et d’un large soutien.

Dossier - Finance durable

Quelles seraient les conséquences d’un échec dans l’adoption de normes mondiales communes, tant pour les investisseurs que pour l’objectif ultime qui consiste à effectuer une transition vers des économies plus vertes?

Les investisseurs réclament ces normes avec beaucoup d’insistance, afin de pouvoir prendre de meilleures décisions. L’absence d’information transparente et comparable complique énormément leur travail. Les marchés des capitaux peuvent largement financer la transition des entreprises, mais c’est la transparence des informations qui sera la clé pour assurer un travail efficace.

Et si vous y parvenez, quels seront alors les obstacles à une application correcte et cohérente de ces nouvelles normes?

L’élaboration des normes n’est qu’une partie du puzzle. Les gouvernements devront intégrer notre référentiel dans leurs propres exigences. Les entreprises devront appliquer correctement les normes. Les certifications devront avoir été délivrées. Et les autorités compétentes devront assurer le suivi. Tout le monde devra penser autrement et il faudra opérer un certain nombre de changements systémiques. Mais c’est possible, comme l’a démontré par le passé l’International Accounting Standards Board (IASB), dont les normes sont en vigueur dans plus de 140 pays.

 

Article publié dans l’édition Automne 2022 de Gestion