La Suède met en place la journée de six heures, avec de surprenants résultats!

Il faut être plus productif, nous répète-t-on! La mise en garde est venue tant du monde politique (on se souvient de la sortie, en 2006, de l'ancien Premier ministre Lucien Bouchard sur le manque de productivité des travailleurs québécois) que du monde syndical, patronal et même universitaire!

Nos collègues du Centre pour la productivité et la prospérité de HEC Montréal ont à ce sujet signalé, dans leur rapport intitulé Productivité et prospérité au Québec. Bilan 2014, que le manque de productivité constaté au Québec est en voie d'engendrer de fâcheuses conséquences pour notre prospérité collective :

« [...] l’analyse révèle que le Québec traîne dans le peloton de queue pour chacune des composantes de l’identité du niveau de vie. La productivité du travail y est moins élevée que dans une grande majorité de pays (22e position), l’intensité du travail y figure parmi les plus faibles (22e position) et le taux d’emploi est loin d’y être exceptionnel (19e position). Dans ces circonstances, il n’est pas surprenant que le niveau de vie au Québec soit plus faible qu’ailleurs. » (p. 16)

Trois variables, donc, à savoir la productivité du travail, l'intensité au travail et le taux d'emploi, comme autant de leviers sur lesquels nous pouvons collectivement appuyer afin de rehausser le niveau de vie du Québec. À l'égard de l'intensité au travail, on ne peut faire autrement que de jeter un oeil outre-Atlantique et considérer, comme c'est souvent le cas, l'exemple scandinave, et particulièrement celui de la Suède, afin d'entrevoir de nouvelles manières de faire.

Car la Suède a ceci de particulier que c'est l'une des économies présentant la moyenne d'heures travaillées parmi les plus basses, soit 1 609 heures par travailleur annuellement. Pourtant, le pays possède l'un des meilleurs taux de productivité par heure travaillée. Trouvez l'erreur! Et qui plus est, voilà que la Suède teste à l'heure actuelle certains procédés par lesquels elle pourrait davantage accroître la productivité de sa main-d'oeuvre. Parmi ceux-ci, la réduction de la journée de travail de huit heures à six heures, qui aurait donné à ceux et celles qui l'ont implantée et vécue, des résultats fort satisfaisants.

Cette expérience, que nous rapporte le quotidien britannique The Guardian par l'entremise de la plume de son journaliste David Crouch (lire son article «Efficiency up, turnover down : Sweden experiments with six-hour working day ») est actuellement menée à Gothenburg, la seconde ville en importance du royaume. Tant le secteur public, et plus spécifiquement celui de la santé, que certaines entreprises ont adopté, à titre d'essai, la journée de six heures de travail. Et à ce jour, les principaux intéressés, patrons et employés, n'y trouvent que du bon : effets positifs sur l'attraction et la rétention du personnel, réduction du taux de roulement des employés, amélioration de la qualité de vie de ces derniers (en termes, par exemple, de déplacements entre le travail et le domicile), main-doeuvre plus fraîche, dispose et alerte, et faisant un usage plus efficient des ressources à sa disposition...

L'exemple suédois nous fait prendre conscience du fait que ce n'est pas nécessairement en travaillant davantage que l'on travaillera mieux pour autant! Pour hausser notre productivité collective, faudra-t-il travailler... moins? Laissez-nous savoir votre opinion à ce sujet!