Travailler de n’importe où : mon bikini, ma brosse à dents et… mon portable!
2022-05-10
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2023-10-02
Travailler de n’importe où : mon bikini, ma brosse à dents et… mon portable!
Télétravail , Ressources humaines
Alors que la pandémie a ouvert la porte au télétravail, certaines organisations ont décidé de permettre à leurs employés de boucler leurs valises pour travailler aux quatre coins de monde. Une tendance qui se maintient encore aujourd’hui, dans un contexte hybride. Témoignages.
Adepte de voyages et passionnée de surf, Catherine Forest a mentionné son désir de concilier travail et voyage dès son entrevue d’embauche à Optimec Consultants. «Disons que cela n’a pas été une grande surprise quand je leur ai dit que je voulais partir trois mois en Équateur», explique la gestionnaire en marketing numérique. Une telle pratique est courante dans cette firme spécialisée en simulation d’ingénierie qui offre déjà tous les outils pour collaborer à distance.
L’histoire se ressemble pour Laurence Cardin. La stratège numérique en marketing au sein de l’agence sherbrookoise Standish a passé deux mois à l’hiver 2022 à Andorre, un pays niché au cœur des Pyrénées. Tout le Québec était alors en télétravail, comme elle le rappelle. «Cela n’a causé aucun problème, parce que nous avons l’infrastructure nécessaire pour gérer nos projets en ligne et que nous travaillons majoritairement en appels vidéo. Je pouvais même participer aux rencontres d’équipe chaque matin, et cela fonctionnerait tout autant dans le contexte hybride», raconte-t-elle.
La seule condition de son employeur? Qu’elle soit présente selon le même horaire qu’au Québec. «Je commençais donc mes journées à 13 h 30, ce qui est l’équivalent de 7 h 30 ici, jusqu’à 16 h 30 de l’après-midi, soit 22 h 30», détaille Laurence Cardin. La stratège avait aussi établi une entente pour n’avoir aucune rencontre avec des clients après 16 h, heure de Sherbrooke. «Mon patron était très compréhensif, dit-elle. Quand il voyait que j’étais encore au boulot après 22 h 30, il me disait d’aller me coucher!»
Faire fi du décalage horaire
À l’instar de Standish, plusieurs entreprises demandent aussi que leurs employés soient «au bureau» virtuellement, selon un horaire précis, pour faciliter la coordination. C’est le cas de GSoft, qui permet à ses équipes de travailler de n’importe où. Depuis juillet 2021, le personnel de cette firme de développement de logiciels peut même travailler de l’étranger jusqu’à 150 jours par année. La boîte recrute également partout au Canada.
La formule pour naviguer à travers différents fuseaux horaires est simple.«On demande aux gens de rester disponibles pour du travail synchrone entre 10 h et 15 h [heure de Montréal], et ce, indépendamment du décalage horaire. Évidemment, la décision de travailler depuis un pays étranger ne doit pas avoir d’incidence négative sur les livrables ou la collaboration», insiste Melody Ouellette, directrice de marque à GSoft. Chacun doit aussi participer aux quatre rencontres annuelles qui réunissent l'équipe complète à Montréal ou ailleurs.
«Dans la mesure du possible, et si c’est efficace, on privilégie d’abord l’écrit et l’asynchrone dans nos communications», explique la directrice de marque, qui ajoute que chaque employé peut ainsi organiser ses tâches de la façon qui lui convient le mieux. La firme mise également sur le modèle hybride : «On est outillés pour que ça fonctionne bien en tout temps, peu importe que l’employé se trouve à Montréal ou dans un autre pays.» Le virtuel se révèle donc l’option par défaut, même s’il est toujours possible de se rendre au bureau.
Melody Ouellette fait remarquer que cette liberté de choix est très appréciée par l’équipe et qu’elle représente un atout certain dans un contexte de pénurie, ce qui permet à la firme de se distinguer de la concurrence. «On reçoit des demandes de plus en plus fréquentes et de beaux témoignages d’employés qui font allusion à GSoft sur LinkedIn en spécifiant à quel point ils sont fiers de travailler pour notre entreprise pour de multiples raisons, dont ce bel avantage», mentionne-t-elle. Une cinquantaine d’entre eux s’en sont prévalus jusqu’à maintenant.
Outillées pour réussir
Bref, la préparation pour travailler en adoptant la formule «globe-trotter» s’avère relativement simple. Comme tout se fait à distance, Catherine Forest s’est assurée de pouvoir être branchée, peu importe les circonstances. «J’étais déjà allée en Équateur et je savais qu’il y a souvent des coupures de courant; c’est pourquoi j’ai choisi de m’installer dans un village situé près de deux villes où je peux me rendre rapidement en cas de panne», illustre-t-elle. La jeune femme s’est aussi dotée d’une carte SIM pour se connecter au 3G si son Wi-Fi flanche.
Laurence Cardin, elle, a averti tous ses clients qu’elle passait l’hiver en Europe, ce qui a facilité à ses yeux les liens avec eux. De plus, elle estime qu’il faut aussi prévoir un certain temps d’adaptation à l’arrivée. «Je ne recommanderais pas à quelqu’un de partir pour une courte période, parce qu’il faut établir une nouvelle routine, et cela prend du temps à mettre en place. En plus du décalage horaire, il faut aussi s’adapter à un nouvel environnement», détaille la professionnelle. Faire ses courses, cuisiner, se déplacer : tout est plus compliqué au début. C’est sans compter la barrière de la langue qu’il lui a fallu surmonter, puisque les habitants d’Andorre parlent le catalan.
«Mais après cette période d’ajustement, j’étais aussi efficace, sinon plus», assure-t-elle. En effet, la jeune femme partait souvent skier dans les Pyrénées le matin avant de se brancher pour son boulot : «Le fait de bouger et de profiter du soleil me procurait énormément d’énergie. Et quand je me mettais au travail, à 13 h 30, mes repas étaient prêts, et je n’avais plus aucune distraction.» De son côté aussi, Catherine Forest a l’impression d’être plus productive derrière son bureau équatorien : «C’est un privilège, donc on a envie d’en donner plus.»
Surtout, c’est une excellente façon d’ouvrir ses horizons, de s’adapter à une nouvelle réalité et d’apprendre à faire face aux défis, selon Laurence Cardin. «Ça a été une expérience tellement enrichissante d’être plongée dans une autre culture, de découvrir d’autres façons de vivre… Je suis revenue avec un regard différent», résume la stratège. Un bagage utile tant sur le plan personnel que du point de vue professionnel!
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